
© Luis Burriel Bielza
« On dit que le vide attire, qu’il rassure, comme une possibilité de tout recommencer. »
Collectif d’artistes né en 2012, installé depuis janvier 2019 place de la porte d’Aix, à Marseille, VOST, composé d’Oriane Bault, Françoise Beauguion, Lilie Pinot, Tifenn Ripoll, Matthieu Rosier et Olivier Sarrazin, a décidé de faire son entrée dans l’édition avec des ouvrages dont le principe cardinal est de proposer des collaborations entre artistes visuels et dessinateurs de livres.

© Luis Burriel Bielza
Le pont du Diable, opus du duo Françoise Beauguion et Anne-Sophie Tritschler, est ainsi une première réussite formelle, proposant en ses images à la fois contemporaines et vernaculaires une lecture multiple, les pages, de tailles différentes, pouvant se déplier et s’associer en diptyques avec telle ou telle autre, construire des tableaux, des séquences de sens très libres.
Balade photographique et littéraire réalisée lors de la résidence Lumière d’Encre à Céret par la photographe et auteure Françoise Beauguion, ce livre inattendu – 115 exemplaires seulement, comme des gemmes dans une malle aux trésors – monte avec beaucoup de délicatesse images d’archives et photographies issues de son séjour dans les Pyrénées-Orientales.

© Luis Burriel Bielza
Il y a des couleurs très belles, très impressionnistes, des noirs profonds, et des photographies émouvantes d’être devenues orphelines en tombant d’un album de famille ayant la dimension d’une petite ville.
Structure de pierre à arche unique datant du XIVe siècle, le pont du Diable est un lieu emblématique de Céret sur lequel sont passées des générations d’habitants.

© VOST Edition
Un livre lui donne aujourd’hui la parole, expérience de jeunesse nouvelle pour un ouvrage d’art médiéval ayant traversé le temps.
Les pages construisent à partir du beau Jadis un conte d’aujourd’hui, où les végétaux d’hier sont les aïeux directs de ceux de demain.
Des visages sortent de la brume du temps, nobles et graves, rieurs et tendres, mélancoliques et lointains.

© VOST Edition
Les cieux sont d’un bleu froid propice à l’introspection et les paysages très renoiriens.
Il y a des fêtes, des danses, des regards amoureux, des chats errants, des chœurs de femmes dans les champs, des familles réunies.
Céret est ici et ailleurs, dans la pierre et la lande, dans le soleil et la nuit, dans la mémoire des images rescapées et le présent.
On entend des paroles, des mots, ceux de l’auteure ou des habitants interviewés, on ne peut savoir.

© VOST Edition
Ce sont des récits, des fragments, des notations elliptiques, des remarques géographiques, des réflexions abruptes, des phrases fulgurantes.
« Ils persisteraient à ne pas voir. » / « C’est la fin de la journée, un couple s’embrasse sur le pont du Diable. Plus bas, un oiseau est posé sur un des rochers du fleuve, les ailes grandes ouvertes, prêt à s’envoler. Le couple s’en va. »
Le pont du Diable est un livre secret, noir d’encre et de souvenirs, intime et paisible.
Dans l’éternel retour du même, il y a un homme tenant une bêche dans une sente à peu près déserte.
Françoise Beauguion, Le pont du Diable, texte Françoise Beauguion, dessinatrice du livre Anne-Sophie Tritschler, VOST Edition – 115 exemplaires numérotés
sans vous, je ne l’aurais pas lu. merci.
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merci, sans vous je n’aurais pas connu ce livre assez magique
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