©Pascal Tarraire
Les jours sont sombres, le froid nous paralyse, il faut se détendre un peu.
Il m’est arrivé par la poste, je ne sais trop comment on se le procure, mais l’Herbier du photographe Pascal Tarraire est une fantaisie érotique qui me retire soudain des tonnes de fatigue.
Publié comme un album scolaire d’un élève de quatrième appliqué, cet ouvrage conçu comme une cueillette photographique de corps et de pays – « par la petite Pascal », est-il précisé -, est une ode au plaisir d’être nu, seul, à deux ou en groupe.
©Pascal Tarraire
Il y a des autocollants, des étiquettes, et des phrases vagabondes : « Tu feras un plan à trois avec les pays et ta meuf », « J’ai l’obsession d’un moment parfait dont le seul souvenir remplirait et justifierait ma vie entière »
Des modèles se déshabillent, en intérieur ou extérieur, posent dans un appartement, dans un jardin ou un sous-bois.
L’enchantement opère en noir et blanc comme en couleur.
©Pascal Tarraire
La douceur et la complicité avec le photographe sont prédominantes, tout semble de l’ordre du don/contre-don.
Page de gauche : « Lieu de cueillette : Italie / Observations : fille nue entourée de 4 cyprès »
Page de droite : trois Grâces nues posent comme chez Raphaël, Rubens ou Cranach l’Ancien.
On gobe des cerises, on accroche les sous-vêtements sur le fil de fer d’une clôture, on s’effeuille pour le plus grand plaisir des yeux de tous.
©Pascal Tarraire
Une belle dame ouvre sa robe à la façon d’un papillon déployant ses ailes : pas de culotte.
Une autre, ne portant qu’un pull marin, se masque avec sa dentelle, une autre encore affiche des inscriptions serpentant de ses cuisses à son cou.
On s’offre des bouquets de toisons, de fesses, de peaux tentatrices.
Un livre porte ce titre : « Les 1001 filles qu’il faut avoir vues NUES avant de mourir. »
L’herbier de Melle Pascal Tarraire les classe avec précision : spécimens rampants / spécimens aquatiques / spécimens bicéphales / spécimens avant floraisons / spécimens à tentacules…
©Pascal Tarraire
Certaines femmes sont enceintes, prennent un bain dans des tasses géantes, en Finlande, en Irlande, en France, ou enlacent leur bel amant.
D’autres font l’amour entre elles, se caressent de la bouche, se donnent de la joie.
Le goût du jeu est ici omniprésent, il peut susciter des idées.
A chacun maintenant d’imaginer son propre herbier, d’y inviter ses ami-e-s, d’y épingler l’ensemble de ses désirs.
En fin d’ouvrage Pascal Tarraire donne sa méthode : « Aucune des photographies de cet ouvrage n’a été sélectionnée par leur auteur. Elles ont toutes été choisies suivant cette contestable mais ironique méthode : en publiant, une par une, sur différents réseaux sociaux internet, pendant plusieurs années, la quasi-totalité de mes images faites depuis 30 ans. Puis les 137 photographies ayant obtenu le plus de « suffrages » ont été publiées telles quelles dans cet herbier. »
Allez, l’article est écrit, je retourne aux plantes.
Ce soir, ce sera tisane de belles sauvages en partage.
Pascal Tarraire, Herbier, autopublication, 2021
Superbe !
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ARRIVÉ À TEMPS POUR NOËL : EXCELLENTISSIME !
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