
©Laure Vouters
« La vie à Ham n’est pas facile. J’ai eu la chance de rencontrer des jeunes souvent positifs, m’offrant leur côté lumineux, même si parfois les visages se sont refermés comme devant les incertitudes de l’âge adulte, si proche. » (Laure Vouters)
Après Serge et Jacqueline – chroniqué dans L’Intervalle le 17 octobre 2018 -, paraît le deuxième livre de Laure Vouters, Hamène-moi, dont le tropisme principal est résolument humain.

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Effectuée dans le cadre d’une résidence photographique organisée par la ville de Ham, commune rurale tout à l’est de la Somme, à la limite de l’Oise et de l’Aisne, cette nouvelle série centre son regard sur des adolescents ne partant pas en vacances d’été.
Le documentaire rejoint ici le poétique, le désir de rencontre et de vérité relationnelle étant au centre des préoccupations de l’artiste.
Il ne s’agit pas de valoriser des effets esthétiques, mais de faire ressentir un lieu, une intériorité, un climat.

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Dans cette ville de quelque 5000 habitants marquée par la désindustrialisation (fermetures de la sucrerie et de l’usine Pechiney), l’impression pourrait être celle d’une désespérance latente, mais non, pas de pathos chez Laure Vouters, qui parvient à saisir l’énergie, la beauté et la diversité de la jeunesse.
Une barre HLM de trois étages, de l’espace tout autour, une possibilité de déambuler sans se cogner.
On porte encore des masques cet été-là, et l’on s’amuse ici comme ailleurs quand les parents ont le dos tourné ou sont occupés à bien d’autres choses qu’à la surveillance de leur progéniture, avec un briquet, des pétards ou des feux d’artifice.

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La lumière du téléphone portable éclaire les visages, les girls se font belles pour sortir, les garçons sont des bandes de copains, loin des clichés des hordes furieuses fabriquées par l’ennui et le systématisme médiatique s’intéressant à la Province lointaine.
On pourrait situer le travail de Laure Vouters du côté de celui de George Orwell – de ce qu’il appelait the common decency – et du regard empathique de Vincent Beckmann.
Les jeunes sont souvent au City-Stade, ou au bord de l’étang, la lumière naturelle magnifie leurs visages et les couples d’amoureux.

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Laure Vouters pourrait faire du Hopper, oui, mais elle préfère finalement à la picturalité facile le contact avec la vie telle qu’elle s’invente en corps, actes et esprits.
Hamène-moi n’est pas conçu d’abord pour les musées, mais pour témoigner d’une présence avec, et des visages formant l’ample et belle communauté humaine en démocratie.
Un chouchou sur un poignet, des ongles bleus.
Une sacoche Nike, un bob, des guitares, des jeux d’Arcade.

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Dos nu, jambes nues, bijoux.
Baskets, jeans, sandwiches.
Fanta, tee-shirt Ellesse, médaillon.
Parties de foot, barbecue, frites.
Jardinage, babyfoot, vélos.

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On se regarde, on baisse les yeux, on les fixe, on se cherche, on se trouve, on se manque.
En fin d’ouvrage, un livret imprimé sur papier bleu reprend des passages du journal estival de la photographe.
Mercredi 7 juillet : « Au centre social, c’est le tout premier jour des vacances pour une trentaine de jeunes. Au programme, graph sur un mur du centre, jeux, courses chez Leclerc er préparation de la soirée barbecue. »
Voilà la vie quotidienne que nous connaissons tous, la banale et noble vie quotidienne, à laquelle la politique devrait s’intéresser d’abord en la respectant éminemment.

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Jeudi 19 août : « Ludivine me raconte que ses parents ont voulu quitter Ham. Ils ont fait construire à quelques kilomètres d’ici une maison avec un petit jardin, en campagne, mais ils sont revenus à Ham. ‘On est bien mieux ici, même en appartement.’ »
On est bien à Ham, si l’on n’y est pas trop seul.
Laure Vouters, Hamène-moi, conception graphique Anaïs Prudhomme et Laure Vouters, 2023, 500 exemplaires

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Pour se procurer un exemplaire, contacter directement l’auteure

Livre soutenu par le Leader Gal, subvention européenne pour le développement culturel en milieu rural
De découvertes en découvertes, nous croyons connaître Laure, ses multiples qualités : dynamique, gaie, bonne cuisinière, artiste et Photographe mais de plus ECRiVAINE comparée à juste titre à Georges Horwell !
Nous sommes fiers et heureux d’être tes parents et te souhaitons une longue et heureuse carrière.
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