©Jean-Philippe Toussaint « La photo – et l’art, sans doute – est une expérience de vie, une expérience intime dont le sens réside davantage dans sa réalisation que dans l’œuvre elle-même. » (Jean-Philippe Toussaint) Composé de trente-six textes – comme une pellicule standard peut contenir trente-six poses -, et d’une centaine de photographies, essentiellement en noir et…
Catégorie : Littérature
Une époque haïssable et admirable, par Natalia Ginzburg, écrivaine
Amarcord, 1973, Fellini « Je n’aime pas du tout cette époque où il me faut vivre. Je ne sais si j’en aurais préféré une autre parce qu’il est impossible de le savoir. Je sais seulement que je trouve cette époque haïssable et que je la hais. Je ne la juge pas : je la hais. Il m’est…
Chanter le bel amant en langues du pays sénoufo, par Marie Lorillard et Faboly Jean-Claude Diamouténé, anthropologues
« Homme que j’aime, demeure puits… / Je demeurerai eau ! / Les hommes me disent de te quitter et cela leur fait plaisir / Cela les réjouit ! / Homme que j’aime, demeure puits / Je demeurerai eau » Un calao nous accueille, étrange oiseau très drôle au long bec courbé, comme un grand sexe masculin à la…
La vie des formes, des images et des mots, par Hervé Rabot, artiste multidisciplinaire
©Hervé Rabot Quelle joie de découvrir un auteur important dont nous ignorions l’existence. Exposé par Michèle Chomette, commenté par Bernard Lamarche-Vadel et Régis Durand, regardé par Anne-Marie Garat et François Michaud, Hervé Radot a pourtant été prix Niépce en 1985 et a fait partie de la DATAR. On ne sait rien, c’est réjouissant, tout est…
Pensante en étant pensive, puissance de la littérature, par François Jullien, philosophe
©Refael Idan Suissa « Aussi, si le sujet de la pensée est purement intellectuel, le sujet de la pensivité est, quant à lui, existentiel ; ou si le sujet pense pensément, on dira que la subjectivité aussi « pense », mais qu’elle pense pensivement. » La littérature serait en cela supérieure à la philosophie, ou plus puissante, qu’elle serait pensive,…
De la vie des marionnettes, par Jean-Benoît Puech, écrivain
Thérèse sur une banquette, 1939, Balthus « Nous étions devenus amants, Caro et moi, au printemps, dans le petit salon au-dessus du garage à bateaux, une gloriette, devrais-je dire, avec un toit pointu, des vitraux aux motifs inspirés des fables de La Fontaine, des murs couverts de chèvrefeuille. » Jean-Benoît Puech conte, et c’est délicieux. Il anime…
Portrait d’Oscar Wilde, conteur frappé, par André Gide, écrivain
« Ceux qui n’ont approché Wilde que dans les derniers temps de sa vie, imaginent mal, d’après l’être affaibli, défait, que nous avait rendu la prison, l’être prodigieux qu’il fut d’abord. » Quand André Gide apprend la mort de son ami Oscar Wilde en décembre 1900, il séjourne à Biskra, dans le Sud algérien. N’ayant pu se…
Bonheurs d’Inde, par Paolo Roversi, photographe, et Pier Paolo Pasolini, écrivain
©Paolo Roversi « A la saison des moissons, je pédalais, pédalais de toutes mes forces, sans même bien voir la route, trempé de pluie et de sueur, chantant des airs d’opéra à pleine gorge pour me donner du courage et empêcher mon âme de se noyer. Ça me plaisait, j’étais jeune, j’étais heureux. J’ai profondément aimé…
Des essais d’amour intellectuel, par José Ortega y Gasset, philosophe
Le vol des sorcières, 1798, Francisco de Goya « Une doctrine d’amour coule sous la terre spirituelle de ces essais, parfois risquée et âpre, avec un bruit sourd et doux, comme si elle craignait d’être entendue trop clairement. » Publié en 1914, le premier livre du penseur espagnol José Ortega y Gasset (1883-1955), Méditations sur Don Quichotte,…
En chute libre, par Muriel Claude, écrivaine
La Femme au fil de fer ©Dolorès Marat « Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. » (J. R. R. Tolkien) C’est un livre très beau, très simple, presque silencieux. Une femme se présente à la porte d’un monastère cistercien des Ardennes belges pour y faire une retraite, elle entre, se sent apaisée, y reviendra sans…
La porte est à l’intérieur, par Julien Gracq et André Breton, écrivains
Couronne, Jean-Michel Basquiat « Je vous dois deux immenses plaisirs : j’ai lu d’un seul trait, sans pouvoir une seconde m’en détacher « Au château d’Argol », et votre livre m’a laissé sous l’impression d’une communication d’un ordre absolument essentiel. Il a pour moi tous les caractères d’un événement indéfiniment attendu et depuis mon premier contact avec lui je…