« Pour André Breton et ses amis surréalistes, le sentiment demeure pourtant que c’est dans la rencontre que sonne l’Heure et se profile la Merveille. » (Georges Sebbag) Dans l’esprit des précédents et très beaux catalogues d’exposition consacrés à une œuvre littéraire (Salammbô, Giono, Joris-Karl Huysmans, Genet), les éditions Gallimard publient, sous la direction de Sylvain Amic…
Mois : septembre 2022
La naissance d’un professeur, par Pierre de Vallombreuse, photographe
« Jason limitait les dégâts au prix d’efforts épuisants. Je le croisais, liquéfié : traits tirés, gestes nerveux, cheveux en bataille, yeux enfoncés. Il luttait pour rester inébranlable face aux assauts de la classe qui, l’ayant pris en grippe, multipliait les piques pour le faire choir de son piédestal. Quel autre choix avait-il ? Aucun. Tenir, juste tenir….
Entre abandon et lumière, par Georg Trakl, poète
Soleil d’automne et arbres, 1912, Egon Schiele « Chaque moment où la voix s’élève et commence à chanter, puis retombe et s’éteint, est d’une douceur indicible dans ce beau poème, qui m’a puissamment saisi par ses distances intérieures ; on le dirait bâti sur des silences ; quelques clôtures entourant le sans parole illimité : telles sont ses lignes….
Moscou 1994, partie d’échecs, par Franck Pourcel, photographe
©Franck Pourcel Lorsque j’ai reçu Moscou 1994, de Franck Pourcel, j’étais en train de lire, hors de toute actualité éditoriale, mais en accord avec mon actualité existentielle, le fameux Ma confession, de Léon Tolstoï, oeuvre écrite à cinquante-et-un ans par un auteur adulé traversant une profonde crise spirituelle. « Qu’est-ce qui sortira de ce que je…
La forêt mystique de Bialowieza, par Andrea Olga Mantovani, photographe, et Baptiste Morizot, philosophe
« S’enforester est un mot de l’ancien français qui vient des coureurs de bois métisses et français du Québec. C’est comme ça qu’ils nommaient leur départ vers les forêts canadiennes, pour vivre parmi les autochtones et les non-humains, immergés dans cet environnement donateur, tissés à lui par tous les bouts. On peut lui donner un autre…
Ma guérilla, ma vie de rêve, par Barbara Polla, écrivain
Pornocratès (1878), 48×75 cm,aquarelle, pastel et rehauts de gouache, Félicien Rops « Et moi j’aime à toi et je pense à la poussière de moi cette poussière que je serai bientôt et qui restera suspendue dans la rue et quand je marche dans Paris j’essaie d’essaimer quelques-uns de mes grains de poussière pour demain, dans un…
Oracle, électricité mentale, par Thibault Tourmente, artiste iconographe
©Thibault Tourmente Il faut être entièrement disponible lorsque l’on découvre un fanzine de Thibault Tourmente. Créer en soi un espace de silence, afin de se laisser avertir, informer, percuter, troubler. Comme si notre cerveau était un atlas, ou un stock illimité d’images dont nous ne nous savions pas les dépositaires. ©Thibault Tourmente Sur feuille libre,…
Le rire majeur de Carlo Emilio Gadda, par Philippe Bordas, écrivain
La casquette de Gadda © Philippe Bordas « Carlo Emilio Gadda est ce passant discret, invisible au piéton français comme aux foules italiennes abandonnées à la stupeur de l’après-Berlusconi. Né en 1893, avant le déferlement des radios, mort en 1973, avant le déchaînement numérique, Gadda a brûlé sa vie à l’élaboration d’un verbe souverain, comme s’en…
August Sander, voir, observer, penser, par Daniel Challe, photographe
Lackarbeiter, Cologne, 1932, August Sander « Sander est un photographe de l’Etre, celui des hommes dans l’histoire, dans la société. Son regard éduqué, attentif ne nous propose pas un univers de la sensation – ou de l’appropriation esthétique par l’image – mais un régime de la connaissance. » (Daniel Challe) Pour découvrir d’un point de vue savant…
Ecrire, à perdre la tête, par Michel Leiris
« l’érotisme « épouvantable en même temps que si beau », tel qu’il m’apparaît : je ne puis plus penser à des seins, à des gestes érotiques sans avoir envie de pleurer. Tant de candeur, tant d’espoir pour en arriver là ! Quelle mécanique ! Haine de ma mère… Pourquoi – jamais – n’ai-je été réellement amoureux » (Michel Leiris, 29 janvier…
Homo Detritus, Homo Demens, Homo Ludens, par Stéphan Gladieu, photographe
©Stéphan Gladieu « Les Homo detritus, génération spontanée, excroissance créatrice des bas-fonds, surgissent et occupent la place. Ces silhouettes humanoïdes produites et animées par les rejetons des taudis, ignorés, méprisés, invisibles à la lumière du jour, s’avancent en rythmes lents, à pas chaloupés, saccadés. Ils se mettent en mouvement et, immédiatement, s’initie une farandole bigarrée dans…
Une vie en musique, par Philippe Cassard, pianiste
Le jardin du Luxembourg, 1905, Félix Vallotton « Je pourrais, aujourd’hui encore, décrire le son et la couleur de chaque note des deux récitals que Vladimir Horowitz a donnés à Paris à l’automne 1985. » Pour la belle collection de récits autobiographiques dirigée par Colette Fellous au Mercure de France, « Traits et Portraits », le pianiste, musicologue, critique,…