Merveille et âpreté des montagnes géorgiennes, par Grégoire Eloy, photographe

©Grégoire Eloy / Tendance floue

Ayant photographié entre 2018 et 2020 les régions montagneuses de Géorgie (Touchétie et Khévie), Grégoire Eloy a conçu Brume, ode à la ruralité et à la vie libre.

Pas de passéisme, mais de l’art poétique en nuances de noirs, de blancs, de gris, nourri de l’expérience physique du paysage, parcouru à pied, à cheval et même à ski.

Brume rend compte de la réalité d’un territoire âpre mais à peu près intact, façonné par les forces géologiques primitives, mais aussi les bêtes et ceux qui les convoient.

©Grégoire Eloy / Tendance floue

Ce livre est un nid, un abri, un refuge pour les bergers rencontrés, gisants debout glissant près de leur bâton de marche et de directives, non loin des grottes où se mijotent les mythes de création.

On pêche, on chasse, on repère les signes, on décode la nature.

On attend dans le froid, on réfléchit, on ne pense à rien.

Les nuées sont là, recouvrant pâturages et moutons, en quelque sorte les enlevant, ou les raptant.

©Grégoire Eloy / Tendance floue

Pierres d’éboulis, fermes regardées du point de vue de l’aigle.

Pulls chauds, bottes, tombée de neige, poêle à bois.

Grégoire Eloy photographie quelquefois au plus près des roches et des fourrures, mais aussi de très loin, donnant la sensation d’un monde abstrait, champ énergétique premier, vibration de glaces.

On y entend chanter le torrent dans une atmosphère de solitude qui n’est pas esseulement.

Ecorchage, barbelés de frontière, sérénité.

©Grégoire Eloy / Tendance floue

Ponctué de portraits, Brume dessine à l’objectif des chemins de force et de mélancolie.

Présence animale.

Voussures des monts.

Mise en scène de tiges végétales plantées dans la neige, comme un acte apotropaïque aux effets inconnus.

Les paysages sont grandioses – majorité de doubles pages -, il faut être probablement un géant pour les habiter vraiment.      

©Grégoire Eloy / Tendance floue

Un tel espace sans nul doute se mérite, on s’y perd, on y survit, on y vit peut-être bien mieux qu’ailleurs.

Le brouillard le protège, et les conditions climatiques extrêmes, tant mieux.

Brume ne discourt pas – aucun texte -, n’impose rien, proposant au spectateur de rêver à son tour les paysages qu’il contemple.  

Grégoire Eloy, Brume, design Julien Imbert, Bandini Books, 2024, 128 pages – 300 exemplaires

https://www.bandini-books.com/brume-trade-edition

https://gregoireeloy.com/

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