Instants de free party, par Aleister Denni et Céleste Roussel, photographes

©Céleste Roussel

Vous préférez la fête en noir & blanc ou en couleur ?

Pourquoi préférer ? Prenez les deux volumes Fête libre, composés par Aleister Denni, et ne choisissez surtout pas.

Comme la révolution selon Clémenceau, la fête se prend en un bloc, de la tombée de la nuit au petit matin, dans les tonalités de la joie et de l’épuisement, de l’exaltation et de l’effondrement.

Témoignant avec beaucoup de force de la réalité des free party en 2022 et 2024 – sous un pont en Normandie, dans une usine des Vosges, dans un champ en Champagne-Ardenne, dans l’Aveyron, dans le Maine-et-Loire, dans le Cantal -, les fanzines Fête Libre, dont le second titre comporte aussi des images de Céleste Roussel, sont des documents bruts et poétiques.

©Aleister Denni

Il y a de la piraterie ici, de la mutinerie, et beaucoup d’autogestion.

On peut se débrouiller sans l’Etat, sans tutelle, sans papa et maman, tout va bien, laissez-nous vivre et nous amuser comme nous l’entendons.

Les sound-systems sont installés, crachant de la musique techno, faisant danser les teufeurs.

©Aleister Denni

Atmosphère de fin du monde, ou de début de tout.

On fait rupture ensemble, on reprend vie ensemble, on boit, on rit en plantant la tente, on fait n’importe quoi et l’on aime ça.

Les images, pour le volume en noir & blanc, sont quelquefois floues, parce que la vie est ainsi, et que l’énergie qui la traverse est une vibration brouillant les frontières.

©Aleister Denni

Communauté éphémère, logique du do it yourself, canapé planté dans la lande pour y tenir salon en sweats à capuche et sandwiches.

Platines, yeux fatigués, fraternité.

Dormir comme l’on peut, ou pas, laisser le brouillard nous envelopper, et ne plus partir.

Dehors, vous les assis, que nous proposez-vous ?

©Aleister Denni

La tribu se reconnaît à ses signes particuliers, ses codes vestimentaires, ses similitudes de comportements, et les sourires éclatants rendant compte d’un sentiment de liberté pleinement éprouvé.

Bouchons d’oreilles, corps indociles, campement des irréductibles.

La police arrive, mais, au fond, elle envie probablement la beauté de ces réfractaires semblant avoir su préserver, pour nombre d’entre eux, leur âme d’enfant.