Après la bataille, par Elisa Viel, photographe

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©Elisa Viel

« Nous ne défendons pas l’eau, c’est l’eau qui se défend. »

Symbole de la politique des méga-bassines, Sainte-Soline (Deux-Sèvres) est aussi devenu, le 25 mars 2023, celui de l’affrontement entre l’Etat et des manifestants défendant l’environnement, dont de nombreux formés dans la ZAD – victorieuse – de Notre-Dame-des-Landes.

Beaucoup de violence, des blessés des deux côtés, et la stupeur des citoyens venus pacifiquement témoigner de leur indignation face à cette pratique de captation des eaux, essentiellement au profit de l’agrobusiness.

©Elisa Viel

Un manifestant se rappelle sur une chaîne d’information publique les 5 000 grenades lancées en deux heures, des scènes de combat, voire de guerre, le sol jonché de pierres projetées.

Sainte-Soline, où la tension est toujours très présente, les travaux continuant, a créé un traumatisme profond.

Mais n’était-ce donc que cela ? les coups, la haine, les larmes, le sang, la rage, le ressentiment.

©Elisa Viel

Elisa Viel, choquée également, était présente sur les lieux.

En regardant les images de ce week-end ayant tourné à la catastrophe, la photographe comprend qu’un autre récit est possible que celui de l’esthétisation de la violence.  

Publié avec élégance par La Nage de l’ourse, petite maison d’édition implantée en milieu rural, Pluie sur le Mellois est ainsi un livre ayant valeur d’exorcisme, ou de contrepoison.

Il ne s’agit bien évidemment pas de nier le drame de ces journées, mais de rappeler d’abord la solidarité, la défense juste de la nature, la simple beauté des choses, une chaise, des lumières, un paysage.

©Elisa Viel

L’eau coule sur les manifestants, bénédiction, malédiction quand elle manque en plein été et qu’il fait quarante degrés.

Il y a le bruit des détonations et les appels au secours, mais aussi celui des tambours, la musique de qui croit encore qu’il n’est pas considéré comme un ennemi dangereux.

©Elisa Viel

Nuages de gaz violets et brumes blanches.

Rues de Melle aux tons pastel, bassines de vaisselle portées sur la tête, chapiteaux où se rassembler.

Chorégraphie de la manifestation, comme dans un rêve.

Appareil photo, cailloux, chaussures crottées.

Herbe tendre.

Elisa Viel, qui accompagne son livre de mots, écrit : « Passées les giboulées de printemps, / mais pas celles de la colère / Passée la floraison des cerisiers, / mais pas celle de l’émeute »

©Elisa Viel

Melle se découvre à la lampe frontale, fantastique, presque surréaliste.

Mosaïques, ferronneries, bleu pâle.

Pluie sur le Mellois cherche l’apaisement, parvenant à rendre compte, par la douceur de son corpus d’images silencieuses, parfois même onirique, d’un état intérieur rasséréné.

Elisa Viel, Pluie sur le Mellois, éditions La Nage de l’ourse, 2025, 64 pages

https://lanagedelourse.fr/

https://lanagedelourse.fr/pluiesurlemellois.html

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