Tbilissi la nuit, l’avenir d’une illusion, par Arnaud Contreras, photographe

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©Arnaud Contreras

Tbilissi n’est pas que la capitale de la Géorgie, c’est un état d’esprit.

C’est une auberge ouverte à tous les vents, un vitalisme, une ironie, une joie malgré les nombreuses difficultés des jours.

C’est la Colchide et la première chrétienté, la dolce vita et le corps de Marie en gloire.

C’est le film Il était une fois un merle chanteur, de Iotar Iosseliani, l’histoire d’un timbalier dans un Orchestre symphonique courant les filles et l’air de la rue plus que la musique.

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©Arnaud Contreras

C’est la sprezzatura et le goût de l’alcool fort, l’ivresse et la camaraderie.

C’est l’appartement parisien du maître du cinéma géorgien, peuplé d’amis, qui me fit boire plusieurs fois avant de m’écouter et de répondre à mes questions.

C’est tout cela, et c’est aussi désormais un livre d’Arnaud Contreras, Tbilissi TchaTcha, aux Editions de Juillet, qui dit l’urgence de vivre, la nuit, dans la fête et la dérive, sans rien devoir à personne.

Mieux qu’un reportage en noir et blanc, Tblissi TchaTcha conduit vite, se saoule vite, s’embrase vite.

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©Arnaud Contreras

On ne distingue pas les visages, mais on voit l’énergie, le désir, la force clandestine des affranchis.

Des voitures garées devant des clubs, des videurs peut-être, des pavés luisants.

Des filles prêtes pour la danse, des venelles charmantes, des poubelles éventrées, des gueules d’amour et des tronches de mafieux.

Des gestes brusques de corps avinés, et des douceurs déchirantes de cœurs abîmées.

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©Arnaud Contreras

On rentre dans le flou, comme on passe sous une arche de reconnaissance, comme on se fait baptiser par les ténèbres.

On est à Berlin peut-être, mais plus à l’est.

Projections, gros sons, la musique fracasse la tête, c’est bon.

Ville de derviches tourneurs, Tbilissi réinvente le hip-hop.

Dark city est sainte et underground.

On ne comprend rien, on est perdus, on est en feu.

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©Arnaud Contreras

Désirs de vivre, de rire, et de se rassembler dans l’oubli.

La foule s’évapore dans le sound system et les fumigènes.

Rock et musique traditionnelle, hangars et campagnes de matin du monde.

Car maintenant il faut dessouler un peu, et s’enivrer d’espace.

Dans le soleil froid apparaissent des chevaux.

On peut croire qu’ils sont encore sauvages.

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Arnaud Contreras, Tbilissi TchaTcha, textes Arnaud Contreras, Editions de Juillet, 2019, 140 pages – 62 photographies

Arnaud Contreras – site

Les Editions du Juillet

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