©Olivier Degen
J’aime beaucoup ces livres à l’existence quasi clandestine, échappant aux arraisonnements – subventions, financements croisés, crowfunding et autres -, ne devant leur existence qu’à la seule nécessité de leur auteur faisant le maximum pour les produire.
Les chanceux tomberont dessus, ou pas, mais il n’y a pas de chance, que des hasards organisés par la force du destin.
Pennedepie X est un opus proposant une poétique centrée sur le village normand du même nom – sans le X – situé entre Honfleur et Trouville-sur-Mer.
©Olivier Degen
Après Abstract (lire ma chronique du 1er octobre 2021), livre d’essence japonaise (Degen est Dogen, Dogen est Degen), ce livre est un nouveau témoignage de délicatesse.
On entre par un chemin creux entre des talus, la lumière est belle, inspirante, il y aura probablement au bout du tunnel végétal un trou où chuter, qui nous fera pénétrer dans le domaine du merveilleux existentiel.
Derrière les barbelés de la société, un cheval nous attend – symbole du mental pour les adeptes de l’ésotérisme -, noble, élégant, solitaire.
©Olivier Degen
On marche entre les carrés d’ombre, l’herbe très verte s’assombrissant avec le crépuscule bleuté.
Olivier Degen observe le fin spectacle de la nature, d’autant plus grandiose qu’il est discret, telle une toile d’araignée à peine perceptible.
Pennedepie X ne cherche pas à paraître, il est, comme au moment où le somnambule se réveille doucement de sa torpeur.
©Olivier Degen
Qui voit une échelle plantée sous un arbre séphirothique.
Qui voit des lueurs.
Qui voit des personnages archangéliques.
Des pommes sont tombées, mais non, elles se reposent depuis toujours.
Dos de vache, traits de nuit, note de lune accrochée sur une portée de fils électriques.
Un visage féminin médite, peut-être est-ce l’Eve future, l’envoyée tant attendue.
©Olivier Degen
Installation d’épluchures de crayons de couleur.
Une jambe nue sort du lit.
Le ciel est tempétueux.
Un couple s’avance, heureux.
La mer roule sur elle-même, puissante et calme comme une faux liquide.
©Olivier Degen
Qu’est-ce que la vie dans un village normand ?
Qu’est-ce qu’écrire avec la lumière ?
L’âme existe-t-elle ?
Jeanne d’Arc lève son épée, l’art est une puissance d’ordonnancement, coupe et coupe et coupe dans le chaos pour en faire une arche nuptiale.
On s’offre des fleurs, des sourires, des enfants.
©Olivier Degen
Il fait jour depuis hier seulement, Pascale Thomas Pottgiesser vient à peine de naître, qui tient ferme son stylo et danse déjà avec les mots : « Cette collection d’images installée dans un temps relativement long, dix ans, joue d’une multitude de registres et nous invite à cet endroit du double regard. Celui de l’œil qui voit, nomme et décrit et celui de l’œil qui se souvient et témoigne de ce qui se dérobe. Une sorte de valse entre apparition et disparition, de rencontres étranges et familières. »
Olivier Degen, Pennedepie X, texte (français/anglais) Pascale Thomas Pottgiesser, conception graphique Ariel Termine, sérigraphie de couverture Noémie Degen, 2023 – 120 exemplaires numérotés
©Olivier Degen
Le blog de Fabien Ribery 