
©Nolwenn Brod
Cinquième volume de la collection des éditions Sur La Crête consacrée aux résidences du Carré d’Art, situées à Chartres-de-Bretagne (direction François Boucard), Les Dahlias est une composition photographique de Nolwenn Brod dont le principe est éminemment musical.
Beaucoup de blanc (crème), des vignettes aux teintes grises et couleurs brunes effacées, une impression d’évanouissement. Des notes visuelles. Un cahier bordeaux contenant une partition photographique.

©Nolwenn Brod
A quoi tient le visible ?
A quoi tiennent nos visages ?
Par quels miracles ou incongruités sommes-nous de ce monde ?
Nolwenn Brod photographie des états d’être, des fragilités, des secrets.

©Nolwenn Brod
Aucune tonitruance ou grandiloquence, mais de la délicatesse, des images pensées comme des peaux frémissantes, des eaux à ne pas troubler.
On se souvient de l’affaire dite du Dahlia noir – corps d’une femme retrouvée en janvier 1947 dans un terrain vague de Los Angeles, coupé en deux, vidé de son sang -, dont James Ellroy fit quarante ans plus tard un roman fameux (sa mère fut aussi assassinée), mais ici point de crime avéré, une impression ténue de mystère préservé par la solennité des landes bretonnes, et des langues mutiques.
L’œuvre de Nolwenn Brod possède une grande cohérence, chaque nouvelle série forant une même veine d’interrogations fondamentales à partir de rencontres de hasard, qu’il s’agisse d’humains, d’animaux ou de paysages.

©Nolwenn Brod
Ne rien brusquer, prendre le temps, revenir sur les lieux, creuser ensemble, toujours plus loin, jusqu’à ce qu’apparaisse une image s’élaborant à la frontière de la vie et de la mort.
Qu’a vu le cheval blanc se reposant sur l’herbe humide ?
Qu’ont vu ces personnages à la bouche fermée ?
Qu’ont vu les végétaux froissés par le vent ?
Les Dahlias expose des empreintes intérieures, et des énigmes identitaires.

©Nolwenn Brod
Le monde de Nolwenn Brod est enceint, de formes, d’ombres, de paroles non encore advenues.
Des violences.
L’appareil de vision se rapproche des peaux, la photographie est une archéopoétique.
L’artiste observe des plis, jusqu’à ce qu’une extase vienne offrir au corps la chance d’une libération.

©Nolwenn Brod
Il y a le couteau sanglant de la société, et l’amour qui fait tenir l’ensemble de la création.
Il y a la chute, permanente, et les instants d’élévation, qui rédiment la totalité de nos souffrances.
L’écrivaine Marcelline Delbecq écrit (cahier indépendant) : « Quand tout juste sorti du sommeil, pas feutrés / chaque visage d’elles glisse d’une pénombre aux exhalaisons délicieuses / à un jour englouti par la brume des matins calmes / trop calmes dans la campagne détrempée où tout pousse à la sauvage / où les bêtes pourraient se perdre dans les fourrés. »

Nolwenn Brod, Les Dahlias, poèmes de Marcelline Delbecq, Sur La Crête Editions, 2023 – 500 exemplaires
Exposition Les Dahlias, Galerie Le Carré d’Art (Chartres-de-Bretagne), du 17 novembre 2023 au 27 janvier 2024
http://www.galerielecarredart.fr/
https://editionsurlacrete.com/16_Les-DAHLIAS
Nolwenn Brod est membre de l’Agence VU’
Exposition The Bleeding Horse, du 2 novembre au 8 décembre 2023
https://galerievu.com/fat-event/nolwenn-brod-the-bleeding-horse/
Signature du livre Les Dahlias à la librairie de La Hab Galerie (Nantes), samedi 2 décembre 2023