Disparaître ? par Elias Sanbar, essayiste

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Nakba, 1948

Se pourrait-il qu’il s’agisse de la dernière guerre ?

Lorsque les pourparlers de paix auront lieu, assistera-t-on à un règlement durable de la guerre entre Israël et le Hamas – se substituant à l’Autorité palestinienne – menant à une reconnaissance de deux Etats, ou une partie de la Palestine disparaîtra-t-elle pour longtemps des cartes ?

Pour les Palestiniens comme pour les juifs, la guerre en cours actuellement comporte une dimension existentielle, et il est probable que chacun se sente bien seul.

Dans un essai publié dans la collection « Tracts » de Gallimard, Elias Sanbar, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, écrivain et traducteur de Mahmoud Darwich, livre son opinion, l’auteur de 74 ans se souvenant, enfant, d’avoir été chassé de Haïfa avec sa mère un matin d’avril de 1948 lors de la Nakba.  

Persuadé que la guerre dans la bande de Gaza est une guerre contre la Palestine en tant que telle, Elias Sanbar, parlant de nettoyage ethnique, en appelle à la communauté internationale afin qu’elle reconnaisse pleinement l’Etat de Palestine, et mette un terme à la politique d’occupation/colonisation favorisée par l’idéologie d’extrême droite de Benyamin Nétanyahou et ses affiliés.

« La guerre qui culmine aujourd’hui à Gaza est aussi une guerre contre la Palestine, toute la Palestine. Le fait que ses terrains soient d’inégales intensités ne change rien à la finalité d’une entreprise d’annihilation, de destruction des Arabes de Palestine. »

Au commencement de la tragédie, peut-être, est l’injustice faite à un peuple de résider sur ses terres, l’essayiste rappelant une première guerre ayant eu lieu entre le 29 novembre 1947 et le 14 mai 1948, soit entre l’adoption du plan de partage de la Palestine et la proclamation de l’Etat d’Israël, accompagnée de l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens – près de 750 000 personnes – déclenchant une guerre avec les armées des pays arabes voisins, « à qui l’on fera porter la responsabilité exclusive du « Désastre » que fut la Nakba ».

Mais le peuple palestinien, affirme Elias Sabar pensant cette dernière guerre comme une façon de parachever la Nakba, refuse de mourir.

 « La société israélienne est née marquée par la disparition de millions de victimes, liquidées pour la seule raison qu’elles étaient qui elles étaient ! (…) si les Israéliens sont habités par la peur d’une disparition possible, les Palestiniens vivent quant à eux une disparition réelle, celle d’un déni d’existence définitif. »

L’analyse est sévère : « Le gouvernement israélien actuel et, à de rares exceptions, la société aussi, ne font aucun mystère de leur désir de voir les 3 250 000 Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, les 2 200 000 Palestiniens de la Bande de Gaza et jusqu’aux 2 000 000 Palestiniens citoyens d’Israël, rejoindre leurs 6 500 000 concitoyens réfugiés. »

Aux massacres et à la sauvagerie du Hamas, soulignée par Sanbar, répondent des massacres incessants commis par l’armée israélienne, advenant selon lui « grâce à l’érosion grandissante du pouvoir et du poids des organes internationaux, l’ONU en tête », le discrédit jeté sur l’UNRWA étant une façon d’affaiblir encore un ennemi historique.

Comment sortir de cette folle logique de représailles ?

« Benyamin Nétanyahou et son gouvernement de colons jouent l’irrémédiable, déclare Elias Sanbar à Benjamin Barthe dans un entretien diffusé dans Le Monde le 7 mai 2024. Ils veulent enterrer les chances de paix une fois pour toutes. (…) Nous sommes plus proches du désastre que de l’espoir. »

Pour éclairer d’une autre façon la situation, on attend un contre ou post-Tract.   

Elias Sanbar, « La dernière guerre ? », Palestine, 7 octobre 2023 – 2 avril 2024, collection Tracts, Gallimard, 2024, 46 pages

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