Le livre des passages, par Sophie Guerrier, photographe

©Sophie Guerrier

C’est un livre de passage.

Un malheur a eu lieu, intime et universel, dont l’acte artistique permettra d’atténuer la douleur tout en tentant d’en préserver l’intensité.

Pleurer parfois, de Sophie Guerrier, se propose de traverser les ténèbres en n’ayant plus peur du noir.

©Sophie Guerrier

Composé d’images élaborées aux lisières de l’abstraction, cet ouvrage superbe est un chant funèbre plongeant au cœur du mystère d’être.

Il y a la mort et l’amniotique des photographies, ce monde flottant aux îlots de signification dérivant dans la mémoire.

La peinture classique peut nous aider à clarifier nos visions, pointe d’une flèche plantée sous un sein beau et rond provoquant l’extase au moment du trépas.

©Sophie Guerrier

Une bâtisse, des lumières, le dialogue des formes passées au fusain de la nuit.

On distingue des présences, le grain de l’image est une fécondité moléculaire.

Un arbre malingre, tel un phasme dressé ou un cerf décharné, pousse au milieu d’une forêt en plein épanouissement., protégé par de plus robustes que lui.

©Sophie Guerrier

Des lueurs éclatent, nuées énigmatiques.

Pleurer parfois rassemble des gestes photographiques, des énigmes de lumière, des traces qui sont peut-être des témoignages, ou des preuves, ou simplement des métaphores.

Le verbe PLEURER est brodé sur un tissu plissé dont la peau évoque celle de l’humain qui la frôle.

©Sophie Guerrier

Il y a des failles, des anfractuosités, des horizons, des ciels.

Il y a l’attente, l’espérance de métamorphose, et la patience du temps.

Il faut beaucoup de délicatesse pour passer de l’autre côté du miroir, ou d’innocence, ou de foi, ou de drame.

On tisse des fils de vie avec des gouttelettes de nuages, on observe le mouvement des feuilles dans une frondaison, on cueille quelques petits fruits sauvages.

Voilà, nous sommes demain, et il fait juste un peu moins froid.