
©Albarrán Cabrera
« Nous ressentons la nature de manière véritablement inclusive : nous en faisons partie. » (Albarrán Cabrera)
Second livre publié par les éditions Atelier EXB – après le volume Des oiseaux, en 2020 – du duo espagnol Angel Albarrán et Anna Cabrera, A l’écoute des arbres propose à son spectateur de faire l’expérience d’un état de conscience modifié.
Portées par une énergétique des couleurs très intense, les images de cet ouvrage explorent la relation qu’il est possible au petit d’homme (Wilhem Reich) d’entretenir avec la nature et sa fécondité.

©Albarrán Cabrera
On est du côté du sublime, du dépassement de l’ego et de la forteresse identitaire, dans une sensation de vibration commune parcourant l’ensemble du vivant en un même frisson de jouissance.
Echappant aux logiques dichotomiques de courte vue, les artistes travaillent dans l’unité des disciplines, scientifiques et littéraires.
L’enjeu est ici d’accroître notre sentiment du monde, d’affiner nos capacités perceptives, d’être conscient de ce qui nous traverse à chaque instant intimement.
On peut gloser longuement, mais il faut se laisser envahir, basculer, déplacer.

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L’écrivain Hermann Hesse, si profondément influencé par la pensée orientale, est cité : « Les arbres sont sacrés. Quiconque sait leur parler, les écouter, peut découvrir la vérité. Ils ne prônent ni doctrines ni règles : ils prônent, sans se laisser déconcerter par les détails, les lois fondamentales de la vie. (…) Ceux qui ont appris à écouter les arbres ne veulent plus être un arbre. Ils n’aspirent pas à être autre chose que ce qu’ils sont : leur propre maison. Et, c’est ça, le bonheur. »
Chez Albarrán Cabrera, nous sommes ici et ailleurs.
Leurs photographies révèlent la lumière intérieure des végétaux qu’ils contemplent, leurs formes géniales, leur pensée.
Mer, ciel, terre, tête à l’envers parfois, tout est organisé, la nature profonde de l’univers est la beauté.

©Albarrán Cabrera
Il faut prendre le temps, respirer lentement, s’approcher de chaque arbre et de sa personnalité propre, se laisser toucher.
Dans le nimbe de chaque image, il y a le flux de la vie, le passé, le présent et le futur.
« Les arbres, écrit l’auteur et agronome Yves Darricau, sont d’évidence nos meilleurs alliés face aux défis du siècle. Il est temps de reprendre notre compagnonnage, et de repenser avec eux les paysages. Il faut se rappeler que les arbres sont des citoyens du monde, des terrestres – ce que nous ne sommes pas, ou pas encore. »
Oui, nous ne sommes pour le moment que des humanoïdes, et si peu des humains.
Voici des failles contenant des forêts.
La grâce de l’éphémère.
La force de l’intemporel.
Le blason polychrome de la vie.

©Albarrán Cabrera
Il est difficile de ne pas souffrir de la violence que s’adressent les hommes, comme une maladie de la communication métastasée en agressivité meurtrière, et de croire au bel avenir quand s’effondre le bel aujourd’hui.
Hermann Hesse nous sauve : « Lorsque nous sommes tristes et que notre vie devient insupportable, l’arbre a quelque chose à nous dire : « Tiens-toi tranquille ! Vis en paix ! Regarde-moi ! La vie n’est pas simple, la vie n’est pas difficile. Ce sont des pensées puériles. Laissez Dieu parler en vous et restez silencieux. Vous avez peur parce que votre chemin vous éloigne de votre mère et de votre foyer. La maison est en vous, ou la maison n’est nulle part. »
Je me tais.
Je vais faire un feu.

Albarrán Cabrera, A l’écoute des arbres, textes Albarrán Cabrera, Yves Darricau et Hermann Hesse, édition Jordan Alves, design graphique Line Martin-Célo, Atelier EXB, 2023, 184 pages

https://exb.fr/fr/home/619-a-l-ecoute-des-arbres.html

Exposition à la galerie Esther Woerdehoff (Paris), novembre 2023
https://ewgalerie.com/nos-expositions/
