Villa Le Corbusier à Carthage, archives mouvantes

©Sabine Massenet

« C’était un immense quadrilatère. C’était d’une sobriété et d’une beauté, je ne sais comment dire… J’ai ressenti ça quand, plus tard, j’ai visité certaines abbayes. » (Claire)

Il faut retourner le passé, y retourner, le fouiller, le réinventer pour en être le véritable héritier.

Un splendide isolement, de Sabine Massenet, est l’histoire d’un édifice méconnu de Le Corbusier (1887-1965), la villa Baizeau à Carthage (Tunisie).

©Sabine Massenet

Composé de témoignage des membres de la famille Baizeau et de montages photographiques composée par l’auteure, ce livre à la forme dynamique et au parfum de réminiscences d’enfances méditerranéennes est un acte mémoriel faisant connaître à tous la splendeur d’une architecture singulière.

A la façon des ouvrages de la romancière Hélène Gestern, Un splendide isolement commence par la trouvaille, en 2015, d’une photographie déclenchant une enquête de la part de Sabine Massenet, descendante des premiers propriétaires.

L’auteure, alors assise sur les genoux de sa grand-tante, toutes deux étant photographiées sur un balcon de la villa Sainte-Monique, a un an.

©Sabine Massenet

Comme dans les si beaux récits autobiographiques de Colette Fellous, celle-ci décide, adulte, de retourner en Tunisie et de reconstruire le passé.

Le Corbusier ne vint jamais voir sa construction, c’est en quelque sorte une « belle absente » (Guy Pimienta).

Un splendide isolement est un livre d’archéopoétique mémorielle, inventoriant de multiples strates formant l’idiosyncrasie d’un lieu.

Nous sommes en territoire punique, et romain, et avant tout méditerranéen.

©Sabine Massenet

« Un splendide isolement, poursuit Guy Pimienta, est un devenir-livre, il laisse se dérouler un temps pluriel, passé, présent, passant. »

Il faut présenter en gardant le mystère, ne pas forcer la belle endormie, préserver sa pudeur, ses secrets.

Claire se confie : « Nous sommes arrivés à Sainte-Monique, je ne sais pas comment, je l’ai complètement oublié. Le lendemain, je me suis réveillée dans une chambre inondée de soleil, une chambre qui avait des murs d’un rose absolument indescriptible. »

Serait-il possible qu’un bâtiment ait une valeur résurrectionnelle ? Oui, assurément.

Que trouve-t-on dans une amphore punique ? Une architecture moderniste.

Qu’y a-t-il dans une caisse à savon ? Un palais.

Claire encore : « Il n’y avait pas de transition entre l’intérieur et l’extérieur, sauf la protection des corps avec des bastingages. Nous avions toujours cette sensation d’être à la fois dedans et dehors. »

©Sabine Massenet

Des propos de Jean-Christophe Bailly (sur le vent, l’air), de Saint Augustin (traduction de Frédéric Boyer), de Gustave Flaubert (Carnet de voyage de Tunisie) sont repris, on est bien parmi toutes ces références intelligentes et sensibles.

Une salle à manger donnant sur le bleu turquoise.

Une cuisine bien trop petite, mais quelle vue !

Des terrasses où faire des glissades démentes quand les pluies diluviennes les transforment en terrains de jeux.

 La maison s’envolera-t-elle ? Oui, d’ailleurs, la voici, c’est Un splendide isolement.

Sabine Massenet, Un splendide isolement, textes de Sabine Massenet, Guy Pimienta, Sami Aloulou, conception graphique Alban Gervais, Editions Peuplier, 2023, 106 pages – 500 exemplaires

Pour se procurer le livre, contacter Guy Pimienta au 06 03 00 29 52, ou par mail editionspeuplier@orange.fr

http://www.sabinemassenet.fr/

https://www.editionspeuplier.fr/

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