Gravity Fields, chaosmos, par Rienk de Vries, photographe

©Rienk de Vries

Des images peuvent-elles nous sauver ?

Qu’avons-nous vu le jour où nos yeux se sont ouverts et qu’une des premières femmes de notre vie les a lavés ?

Que verrons-nous au terme fatal ?

©Rienk de Vries

Des lueurs, des étoiles filantes, des présences arborescentes, des galaxies.

Avec le somptueux Gravity Fields, livre autopublié, Rienk de Vries évoque notre finitude, et la merveille d’être au monde, entité sensible jetée dans le noir de l’univers, peau d’orange ou graine d’asphodèle.

Les images flottent, tenant sur les pages par un point de colle.

On pourrait les arracher, mais tout repose sur la délicatesse du geste et de la fixation, comme un ancrage malgré tout, une envie de se lier, valant éthique.

Des ciels de ténèbres, des roches carbonées, des constellations étranges.

Pluton règne ici en maître, laissant quelquefois place à des bleuités liquides, telle une substance amniotique psychique.

©Rienk de Vries

Ne nous y trompons pas, ce que nous voyons à l’extérieur de nous est le reflet exact de notre intériorité.

Quels chemins prendre ?

Quelles lignes de sens ?

Quelles rives du fleuve Léthé ?

Un oiseau repose, mort, dans l’eau d’une piscine, plumage noir parcourant doucement un carrelage d’onde marquetée.

Serait-ce la fin des illusions ou le début d’une autre vie ?

Rienk de Vries interroge la matière même de nos perceptions, et la solidité de notre regard.

©Rienk de Vries

Son livre joliment couturé de bleu est un chaosmos (Kenneth White), où dialoguent sans heurt les signes d’abstraction et les éléments naturels identifiables (oiseaux, poissons, arbres, squelette d’animal).

Sur quelle planète vivons-nous exactement ?

Astre d’orage, voie lactée, pluie de météores.