
©Alison McCauley
The way the light shimmers on the surface and the dark flip side of it all, de la photographe Alison McCauley, est un livre superbe, donnant le sentiment de se rêver lui-même.
Publié sur beau papier épais, cet ouvrage en noir et blanc de pure poésie visuelle est un hommage à la Côte d’Azur, abordée à la fois comme surface de lumière et comme territoire d’opacité, l’écrivain britannique Somerset Maugham, qui fut aussi espion, l’ayant décrite, précise l’artiste sur son site, comme « lieu ensoleillé pour les gens louches ».
La couverture évoque à la fois le flou d’avant une mise au point, mais aussi une profusion de bulles d’oxygène, comme si nous coulions, ou nous évanouissions.

©Alison McCauley
Nombre d’images sont prises sous l’eau de cette belle mer Méditerranée si polluée : nous nous noyons les yeux grands ouverts en nous enchantant de nos troubles visions.
Le bel opus d’Alison McCauley explore notre relation ambiguë à un espace vécu comme lieu de plaisirs et comme lieu d’inquiétudes informulées.
Feux d’artifices et grilles de protections.

©Alison McCauley
Romance amoureuse et mensonges.
Sable gaufré par les alizées et eaux rageuses.
Les images de la photographe aimant les superpositions ne sont jamais univoques : la séduction de ce Sud touristiquement surexploité n’est pas niée, mais il y a des voiles, des zones d’ombres, des zébrures.
Flirts et filtres.

©Alison McCauley
Un serpent s’invite sur les lieux du farniente mondialisé, la menace est là, qui est aussi splendeur.
On perçoit des halos, des spectres, des gouttes d’onirisme.
The way the light shimmers on the surface and the dark flip side of it all invite le spectateur à l’introspection, à ne pas confondre le film de vacances standardisé avec la réalité, et à inventer d’autres chemins narratifs.
Pas de dénonciation de l’industrie des apparences trompeuses, mais une prise de conscience que sauver son âme est plus important que se divertir à mort.

©Alison McCauley
Témoignant d’une sensibilité à fleur de peau et d’objectif, le corpus d’Alison McCauley ne donne pas au mal la première place – c’est une éthique, valant résistance -, sachant apprécier le spectacle qui se joue là en permanence, sans en dépendre totalement.
Elle est quand même sublime cette Côte d’Azur ravagée, ravageuse, qu’un livre célèbre pour la garder tout en la quittant, pour la fuir tout en la préservant.

Alison McCauley, The way the light shimmers on the surface and the dark flip side of it all, Photo Editions Ltd, 2024, 104 pages

©Alison McCauley
https://amccauleyphotography.com/

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