Vita nuova, par Antigoni Papantoni, photographe

©Antigoni Papantoni

Informées par le concept de choc culturel tel que théorisé par le Canadien Kalervo Oberg (1901-1973), soit la désorientation d’un sujet confronté à un événement ou environnement qui le déroute, les images d’Antigoni Papantoni témoignent d’un bouleversement intime.  

Qu’est devenue la Grèce pour la photographe ? Qu’est-elle devenue elle-même qui a voyagé entre différentes cultures pendant une dizaine d’années ?

Antigoni Papantoni n’a-t-elle pas construit You can’t go home again comme une tentative d’acceptation de sa propre extranéité et de sa perte d’identité première ?

©Antigoni Papantoni

Il y a d’abord le sentiment excitant de ne plus s’appartenir – l’ivresse du désarrimage -, auquel succède souvent un état de frustration, voire de colère, puis l’apprentissage de nouveaux codes menant à un apaisement.

L’art permet probablement d’accomplir ce voyage intérieur en n’oubliant aucune phase de ce processus d’exil et de réappropriation de soi.

Publié en format carnet de couverture rouge, You can’t go home again relève du diary rendant compte d’une odyssée très personnelle.

©Antigoni Papantoni

Les légendes sont inscrites – en grec et en anglais – à même les couvertures, mais on ne sait pas vraiment où nous sommes, l’impression de navigation à vue étant constante.

Un bateau pour touristes, une moto, des ados buvant une bière, un billard.

Antigoni Papantoni cherche à donner la sensation, par le choix d’une chromie vive et de cadrages dynamiques, de champs énergétiques revigorants et d’une vie électrique échappant à la stricte standardisation des comportements, qu’il s’agisse d’une scène de supermarché, d’une salade regardée comme une nature morte, ou d’une enseigne Coca Cola « taste the feeling ».  

Non dénué de douce ironie, You can’t gome home again ne hiérarchise pas, c’est un territoire fraternel où accueillir l’étrangeté, la beauté et la sensualité de l’existence.

©Antigoni Papantoni

Il y a des bris, des blessures, des déchirures, un sentiment d’abandon, mais aussi de la tendresse, du rire et de la fécondité.

Le livre d’Antigoni Papantoni est enceint, ouvert sur la possibilité d’une vita nuova, faite de désir, d’attention à la nature et de partage.

On le comprend maintenant, le véritable lieu de retrouvailles intimes de la photographe est le livre que nous tenons entre nos mains, comme un passeport à présenter aux douaniers du monde entier.  

Antigoni Papantoni, You can’t go home again, editing ans design Antigoni Papantoni & Yorgos Yatromanolakis, published in collaboration with Zoetrope Athens, 2024 – limited edition of 350

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©Antigoni Papantoni

https://www.instagram.com/antigoni_papantoni/

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