Traumatisme d’enfance et mue de serpent, par Linda Zhengova, photographe

©Linda Zhengova

Le premier livre de Linda Zhengova, Catharsis, affronte le désastre.

Conçu comme un contre-exorcisme, ce premier ouvrage d’une photographe sensible à la façon dont se nouent les relations humaines, entre fiction, friction et fusion, plonge au cœur d’un traumatisme d’enfance pour le métamorphoser.

Munie de son appareil photographique, l’artiste d’origine tchèque vivant à Amsterdam fait face à ses cauchemars, leur donnant une dimension qui en outrepasse le caractère personnel afin de les diluer dans une forme mêlant images d’archives et visions contemporaines.

©Linda Zhengova

On entre dans son ouvrage comme dans la forêt obscure des contes, en ces ténèbres où se cachent les ogres.

Il y a du feu, il y a du froid, il y a des nuages mauves, et beaucoup de grâce.

Linda Zhengova étudie, à la façon des peintres classiques, la façon dont le corps occupe l’espace : c’est une main levée, une torsion du buste, une tête penchée.

Le corps raisin est aussi beau qu’il est en danger.

©Linda Zhengova

On perd ses dents de lait, on découvre en soi une grotte incroyablement sensible, on est un agneau encore, seul dans une pâture immense.

Composé d’un dessin tracé par un enfant très jeune, dont on peut supposer qu’il s’agit de celui de la photographe elle-même lorsque tout bascula, Catharsis présente des éléments visuels qui sont à la fois ceux de la quotidienneté (un petit immeuble, des fils pour suspendre le linge) et des scènes plus crues (un animal écorché dégouttant de sang).

Se heurtant à l’irreprésentable, Catharsis offre une matière hybride, qui est une façon pour l’artiste de faire face à un passé blessé affectant le présent, tout en se construisant un nouveau corps fait d’images, comme une mue.