Le chant des limbes, par Izaskun Luengas, photographe

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©Izaskun Luengas

Dans la théologie catholique, les limbes sont considérés depuis le XIIe siècle – et jusqu’au cardinal Ratzinger qui en a réévalué la portée – comme le séjour des enfants morts sans avoir été baptisés.

Plus largement, on peut penser cet espace comme l’antichambre du Paradis, une sorte de vestibule appartenant au domaine du Purgatoire où errent des âmes en attente de jugement.

Avec le superbe Limbo, livre autopublié, Izaskun Luengas explore en des photographies impeccablement mystérieuses ce territoire aussi fascinant qu’étrange.

©Izaskun Luengas

Impression sur papier glacé, qualité des couleurs et des noirs, sensation de calme et d’extériorisation des images flottant dans la psyché de son auteure.

Limbo est un livre solennel, silencieux, ouvert au sacré.

Rien n’est neutre qui resplendit ou meurt sous le soleil créateur, camélia épanoui ou oiseau chu.

Un visage apparaît en noir et blanc, spectral.

©Izaskun Luengas

Un enfant dort, enseveli, presque nu, sous les coussins d’un canapé.

Dans un médaillon rongé par le temps, une femme nous regarde depuis plusieurs décennies.

Les natures mortes sont vivantes, le visible et l’invisible ne cessent de tournoyer.

Il y a dans Limbo une chorégraphie de gestes fins qui émeut.

On est là mais l’on se cache, on est un ange aux yeux noirs, un bouquet de fleurs fanées, une présence dans l’obscurité.   

Un zombi, une étoile de mer, une langue tirée avec espièglerie.

Les images qui peuplent cet ouvrage sont les amorces fictionnelles d’un récit troué.

Ça remue dans les feuillages, il y a du fantôme dans l’air, des peaux lisses et dorées.

©Izaskun Luengas

Les limbes ne sont pas un mouroir infini, il y règne bien au contraire une sensualité qui trouble, sans jamais masquer la dimension de solitude en chacun.

Un papillon se pose sur une épaule, le sommeil réserve de douces cruautés, des statues se mettent à bouger quand des humains se figent.

Izaskun Luengas pense unité, dépassement des antagonismes, famille du vivant, minéral, végétal, animal, humain.

En attendant de connaître d’autres séjours, on joue dans l’éternel retour du même, on rêve éveillé, on se lève, on tombe, et l’on crie contre des parois de liège.

©Izaskun Luengas

Izaskun Luengas, Limbo, textes Isaszkun Luengas et Ricky D’avila, autopublication, 2024

©Izaskun Luengas

https://www.instagram.com/izaskunluengas/

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