
©Philippe Kohn
J’apprends la mort du pape François, alors que je découvre Sur l’onde calme et noire, livre autoédité de Philippe Kohn, me souvenant de son premier ouvrage, accompagné de poèmes du frère poète Gilles Baudry (abbaye de Landévennec), Haute lumière (Locus Solus, 2018).
Entre voie lactée et abysses, Philippe Kohn photographie des flottaisons de créatures marines.
Sur l’onde calme et noire respire la paix, c’est un acte de foi, une prière envers le vivant, presque un geste pour rien, pourtant si important, en cent exemplaires.

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Loin de tout narcissisme, de tout racontage, de toute spectacularisation, Philippe Kohn fait ce qu’il doit : témoigner, physiquement et métaphysiquement, de la création en son ordre de merveille.
Des points lumineux dans le ciel, des étoiles mortes vivantes, la chevelure d’Ophélie devenue astre filant.
Arthur Rimbaud est cité : « Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles / La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, / Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles… »

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Ce que voit le télescope, ou le microscope, est avant tout le reflet de notre intériorité.
Il n’y a pas de séparation, mais un échange permanent, une palpitation reliant les espaces du dedans et ceux du dehors.
Souvenons-nous de cette inscription sur le temple de Delphes, reprise par Socrate : « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras les secrets de l’univers. »

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L’univers, c’est cette dentelle de muqueuses aqueuses pulsant l’eau marine.
Ce sont ces fumées d’êtres, ces fleurs cérébelleuses poussant sur un crâne noyé, la fraternité des méduses pour la belle suicidée.
Sur fond noir sidéral, Sur l’onde calme et noire contemple des entités sidérantes de beauté et de délicatesse – Philippe Kohn est resté de nombreuses heures au médusarium de l’Aquarium de Paris.

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Dieu est certainement un grand architecte, mais c’est surtout un orfèvre, un joaillier de haute science, un artisan génial, un chorégraphe hors pair.
Voyez comme danse le vivant, comme s’inventent des interactions fines à l’abri des regards inquisiteurs, comme s’entremêlent les cils vibratiles des êtres sous-marins.
Propulsion douce d’une créature dévisageant son regardeur avec ses milliers d’yeux.
Ophélie se métamorphose, elle sera bientôt corail, chair transparente, luminescence, voile posé sur le vide.

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Pour évoquer son travail, Philippe Kohn parle d’un état de joie muette et reconnaissante.
Ses visions sont des actions de grâce, le présent datant pour qui entre en sympathie avec les méduses de cent cinquante millions d’années.
Sur l’onde calme et noire décélère, prend le temps de la respiration ample, génère une admiration calme.

Philippe Kohn, Sur l’onde calme et noire, conception graphique Géraldine Lepoivre, autopublication, 2024 – 100 exemplaires
https://aquariumdeparis.com/tours/medusarium/
https://philippekohn.com/fr/accueil

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