Port-Cros, présence pure, par Rachele Cassetta, photographe

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©Rachele Cassetta

Très bien édité sur papier épais, comme les livres de géographie d’autrefois, Méandres d’une île, de Rachele Cassetta, est un ouvrage consacré à l’île de Port-Cros.

Les couleurs sont superbes, presque pudiques, Port-Cros ne cherche pas à attirer les touristes en masse, elle est, et veut rester intacte.  

Rachele Cassetta s’attache essentiellement à montrer l’héraldique des roches, ces pierres blasonnées par le temps et les végétaux à la polychromie étonnante.

©Rachele Cassetta

Port-Cros, située dans l’archipel d’Hyères, au large de Toulon, est d’abord une merveille géologique.

En préface, Georges Bronner et Christine Laverne précisent : « Entre les extrémités ouest et est de l’île de Port-Cros, on peut déceler le degré croissant du métamorphisme, avec la présence, à l’est, de minéraux colorés (grenat, staurotide et disthène) bien distincts des paillettes de micas blancs qui scintillent sur le sentier. »

La mer elle aussi scintille, et c’est une féérie de points colorés, les hauts rivages en leurs dessins lovés faisant sourdre de la minéralité des figures anthropomorphes.

©Rachele Cassetta

Ecume, vagues de roches, posidonies.

Méandres d’une île est à la fois solitude et photosynthèse, havre de paix et écrin marin.

La photographe suit des chemins de terre ou de pierre, accompagnée par les mots très beaux de Janine Chapelier, institutrice dans les années 1940, et poétesse.

« Clos dans le cercle, écrit-elle, / les paroles et le rire. / Les algues où tu te couches / sont sèches et parfumées d’un sel acre. / J’observe tes longs cils, / que blesse la lumière de ce jour de mistral, / où nous avons caché nos présences inquiètes, / derrière des barrières de roseaux agités. »  

©Rachele Cassetta

En son ordre naturel préservé, Port-Cros apparaît comme un secret, sacré.

Sensation de vie dense, de plénitude, d’autosuffisance dans l’engendrement spontané du vivant.

Les humains peuvent venir, ils ne sont pas superfétatoires, mais pas indispensables non plus, si ce n’est, comme l’artiste, pour témoigner de ce qui nous échappe, quand nous cherchons par les sentes du langage à renouer avec une vérité première.

©Rachele Cassetta

« Malgré la nuit des mille sources, / la maison accrochée à la roche / est restée dans les chênes. / Les bruits légers de la pluie, / de l’herbe qui se froisse, / des branches qui se blessent / ont cessé ce matin devant l’âtre chaud. / Ma tête ébouriffée est allée se noyer / et le café brûlant est resté dans la tasse. / Que puis-je dire et faire / n’étant dans le vallon / qu’une étrange bête / que de mystérieux regards observent. / Je me dois de tracer des territoires, / des limites. Ils sont là, les invisibles frémissants, / ils m’admettent et vivant avec eux / je glisse, je sursaute, je me plante / et l’oiseau s’approche de mes doigts / et le papillon s’enivre à mon verre. »

Port-Cros est un espoir dans un océan de désolation.

Rachele Cassetta, Méandres d’une île, Port-Cros, textes Rachele Cassetta, Janine Chapelier, Georges Bronner, Christine Laverne, direction éditoriale Arnaud Bizalion, assisté de Linda Garcia d’Ornano, design graphique Matteo Orani, photogravure Christophe Girard, Arnaud Bizalion Editeur, 2025

https://rachelecassetta.wordpress.com/

https://arnaudbizalion.fr/fr/today-photography/223-meandres-d-une-ile-rachele-cassetta-9782369802136.html

©Rachele Cassetta

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