Stop and save, portrait de Wilson, USA, par Cédric Roux, photographe

©Cédric Roux

Héritier des coloristes américains – on devrait plutôt les appeler illuministes, ou enlumineurs -,  le photographe Cédric Roux fait partie de cette famille photographique française informelle regroupant, par le choix de la lumière sensuelle et transfigurante, des artistes tels que Christophe Bourguedieu, Ronan Guillou, Patrick Taberna, Adrien Boyer, Thomas Klotz et Patrick Wack – liste non exhaustive.

Après My Wonderland, livre – épuisé – tirant son énergie de la rue new-yorkaise, paraît Before Rebirth, portrait superbe de présence et de vide de la ville de Wilson, aux Etats-Unis.   

Il y a ici comme une impression de vitalité née d’une traversée de la mort, la ville de Caroline du Nord, autrefois dévastée économiquement, étant entrée dans un processus de métamorphose, l’auteur lui-même, invité par le festival Eyes on Main street – créé en 2014 par le photojournaliste belge Jérôme de Perlinghi – , traversant le deuil de son père au moment de sa résidence.

©Cédric Roux

« Wilson, dont l’âge d’or est depuis longtemps révolu, explique en préface Carol Johnson, est aujourd’hui à l’aube d’une renaissance. Un entrepôt de tabac vacant a été converti en appartements et en galerie d’art, tandis qu’un immeuble résidentiel haut de gamme et surdimensionné est en cours de construction. Le sort d’une grande partie du centre-ville de Wilson reste incertain : les édifices anciens seront-ils restaurés pour retrouver leur gloire passée ou la ville sera-t-elle réinventée ? »

Tout est calme, un peu surannée, mais sans désolation.

La nature est souveraine, un daim est étendu, mort, sur le macadam, tandis qu’un homme se relève après avoir peut-être chuté.

©Cédric Roux

Il faut passer de l’autre du côté du décor, admirer la juste organisation des éléments de l’existence dans l’ordinaire des jours, et espérer.

Aplats colorés, pointes de couleur en résonnance, montage interne par la géométrie de la polychromie.

Tapis de feuilles mortes doucement éclairées par la lumière d’automne – on peut penser à la façon dont Gus Van Sant filme le campus d’un lycée de la région de Portland dans Elephant.

©Cédric Roux

L’auteur ne discourt pas, contemple des silences, un intérieur sombre dans un diner où se pose une lumière aveuglante, un homme adossé à l’arête d’un mur tel un veilleur, entre obscurité et pleine visibilité, le reflet des nuages sur un parebrise.

Le regard de Cédric Roux est comme stupéfié, à la fois très vif et comme sous l’effet d’un somnambulisme propre à l’errance, et au traumatisme de la mort.

Il y a recherche de signes, d’une manifestation de quelque force supérieure, une volonté d’entrer dans la blessure des sols craquelés pour en découvrir la part d’énigme souterraine.

©Cédric Roux

Ombre d’un arbre, enjoliveur abandonné, aile arrière cabossée d’une voiture.

Regardant le photographe qui le contemple, un homme noir de peau marche contre un grillage de fer, rappelant un passé ignominieux.

Corps voûté, station essence ayant périclité, fête in the street.

©Cédric Roux

Il émane de Before Rebirth une impression de paix, comme un chemin d’âme planant sur la ville éprouvée, comme la naissance d’une joie nouvelle encore contenue.  

Cédric Roux, Before Rebirth, préface (français/anglais) Carol Johnson, direction éditoriale Gilles Cargueray et Camille Gallet, direction technique John Briens, direction artistique et design Jean-Matthieu Gautier, photogravure Christophe Boënnec, éditions Odyssée, 2024

https://www.cedricroux.com/

©Cédric Roux

https://www.cedricroux.com/before-rebirth#1

https://www.editionsodyssee.com/beforerebirth

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