Beckett, forer des trous dans la langue, par Nathalie Léger, écrivain

Saint Sébastien, 1478, Dresde, Antonello da Messina « Il a peut-être songé que le purgatoire, ce pouvait être ça : l’endroit où l’on est condamné à la nostalgie, condamné à trouver les mots pour purger les images qui s’obstinent dans la pénombre. » Mais qui était au juste Samuel Beckett ? Et comment dire une vie ? Par séries de…

Pérugin sauve, par Stéphane Lambert, écrivain

St Jérôme dans le désert, 1504, Perugino, huile sur panneau de bois, 89,3 x 72,5 cm « Le seul lieu que j’habitais avec bonheur était mes livres, petites barques imaginaires où je me tenais à l’écart du monde tumultueux. Hors d’eux j’étais déboussolé. » Il arrive qu’on soit égaré, perdu, qu’on ne sache plus très bien ce…

Gênes, une allégorie, par Edoardo Sanguineti, poète

Lisetta Carmi, Gênes, Balera a Sant’Eusebio, 1967 © Martini & Ronchetti, courtesy archivio Lisetta Carmi « Avec cette drôle de tête / Avec ce drôle d’air / Que nous avons avant d’arriver à Gênes / Nous demandant si cet endroit / Ne va pas nous engloutir / Et nous ne pourrons plus nous en retourner //…

Le degré suprême de l’amour, par Giorgio Agamben, philosophe

©Linda Tuloup « A Gorëme [en Cappadoce], dans l’église de la Fibbia, j’ai vu le visage du saint. Qui le fixe ne peut pas ne pas croire en lui. De la même manière, il est une parole telle que celui qui l’écoute ne peut pas ne pas la croire vraie. » Ce que j’ai vu, entendu, appris……

Carte blanche pour la couleur, par Guy Le Querrec, photographe

©Guy Le Querrec/Magnum photos Alors que Paris expose les photographies noir & blanc de Bruno Barbey – Les Italiens, au Pavillon Comtesse de Caen, commissariat Caroline Thiénot Barbey et Jean-Luc Monterosso -, connu pour son travail en couleur, Paris montre également pour la première fois – à la galerie Durev – avec une belle ampleur…

Dâh, un chant khmer, par Christophe Macquet, écrivain et photographe

« je sens que ma langue s’en va, qu’elle verdit, je sens que ma langue s’en va pour toujours. » Composé de 108 textes (prose/vers) et de 108 photographies, Dâh, Dans la nuit khmère est un essai tissé de fragments autobiographiques (l’enfance picarde, l’installation au Cambodge, les voyages en Asie et en Amérique du Sud…) relevant à…

Bon qu’à ça, par Jacques-Henri Michot, écrivain, veilleur

Willy Römer, « Berlin, 11 janvier 1919. Barricades faites de rouleaux et de liasses de papier journal dans la Schützenstrasse, devant le siège de la maison d’édition Mosse », 1919© Agentur für Bilder zur Zeitgeschichte « Dites-moi ce qui se passe sur la terre. » (Joseph Joubert) Dans ce monde effondré, dans la progression quotidienne de l’abjection…

Foto povera, la photographie et l’enfance de l’art, par Yannick Vigouroux, Jean-Marie Baldner et Christian Gattinoni

Avec le concept de foto povera faisant l’éloge des pratiques dites « archaïsantes », contre le mythe techniciste et la vulgate bressonienne de « l’instant décisif », Yannick Vigouroux, critique et photographe, a créé beaucoup d’émoi. Collectif informel de photographes prônant le geste libre et l’enfance de l’art, foto povera n’a pas joué le jeu…

Marguerite Duras et Yann Andréa, la maladie du bel amour à mort (4)

Je voudrais parler de Duras est une série d’entretiens donnés par Yann Andréa à la journaliste et romancière Michèle Manceau en 1982. Yann Andréa est alors l’amant de Marguerite Duras depuis deux ans. Leur différence d’âge est de quarante ans, mais chacun a besoin de l’autre, absolument. La relation est amoureuse, très certainement de nature…

Antoine Vitez, la photographie comme principe d’amitié

Le respect attaché au nom et à la personne d’Antoine Vitez, l’un des grands hommes du théâtre français de la seconde moitié du XXème siècle, est général. Aujourd’hui, à l’initiative des éditions Les Solitaires Intempestifs (Besançon), ses amis se souviennent, dans un bel ouvrage collectif, où, qui n’a pas eu la chance de voir les…

Les séminaristes sauvages, ou Noël Herpe en habit de carnaval

Certains êtres, c’est une leçon proustienne tirée de Sodome et Gomorrhe, ne vivent que pour leurs fantasmes. Ils ne se moquent pas de nos éventuelles assurances, ni de notre stabilité. Simplement, vivre sans claudiquer ne les intéresse pas : ils ont besoin de rêves, et ne se soutiennent que de la force motrice des illusions, dans…