« En ce temps-là, le plomb avait été changé en plastique. » On ne sait pas toujours d’où vient notre élan d’écriture. On peine à le déterminer, on ne sait rien, mais, au fond, on en a l’intuition. Ce peut être le livre oublié d’un ancêtre, qu’on ne lit plus, mais agissant en secret comme le foyer…
Étiquette : Première Guerre mondiale
Par le milieu du ventre, journal de Mireille Havet, écrivain
Mireille Havet « Nous sommes bien trop lents, et je sens monter en moi une sorte de sensualité brutale et immédiate, qui me fait désirer l’épuisement rapide de mes convoitises, et ceci sans parole et sans rémission. » Mireille Havet, que je découvre par le volume Le monde entier vous tire par le milieu du ventre (journal…
Guillaume Apollinaire, l’immense amour, par Frédéric Pajak, écrivain, dessinateur
« Douleur et plaisir vont par deux, et ça s’appelle l’immense amour. » (Frédéric Pajak) Guillaume Apollinaire est un amoureux fou, un érotomane, un ogre. Il aime dominer, fouetter, posséder l’objet de ses convoitises jusqu’à la transe. C’est un poète, un génie, un martyr, mort pour la France. Qui a lu ses fabuleuses Lettres à Lou –…
Tombeau pour un ancêtre corse, par Marcel Fortini, photographe
©Marcel Fortini De juin 2014 à mars 2015 se tint, au Musée de la Corse à Corte, une exposition intitulée La Corse et la Grande Guerre. On y apprenait que 10 000 à 13 000 combattants insulaires, sur 58 000 mobilisés (hommes jusque 48 ans), avaient péri au front ou des suites de leurs blessures, faisant de 7 000…
Photographier la vie nue, par Stéphane Duroy
©Stéphane Duroy Photographe majeur par sa radicalité de point de vue et son questionnement constant sur le mal dans sa double dimension concrète et métaphysique, Stéphane Duroy est un veilleur, un guetteur, une vigie de lucidité dans la tourmente des jours. S’il rend compte de la fierté ouvrière (common decency), notamment par ses portraits de…
Traverser la guerre, par Jean Cocteau, écrivain
« J’ai compris que pour monter il fallait descendre en soi-même – j’ai vu le néant et j’ai réagi ! Pourvu que ma vie soit la suite de ce commencement ! » (Jean Cocteau, 13 septembre 1906) Jean Cocteau (1889-1963) aime beaucoup sa mère, qu’il appelle dans ses lettres de guerre, alors que les corps de ses camarades sont…
Voir les cris, par Jacques Grison, photographe
©Jacques Grison « Défier les apparences. Pouvoir se dérober au néant. Tenter d’écarter ce qui gêne le regard, pour regarder ce qu’il reste de l’homme quand on l’a dépouillé de ses faux-semblants. » (Jacques Grison) Les pages sont épaisses, la couverture entoilée de grand format manifeste une noble présence, l’odeur d’encre est puissante : Les cris durent, de…
Le grand assassinat, par Pierre Bergounioux, écrivain
« Les manchots, les unijambistes étaient légion, que l’époque, insoucieuse de ménager certaines apparences, avait simplement pourvus d’un crochet d’acier nickelé ou d’une espèce de sabot rond, caoutchouté, qui faisait penser aux chèvre-pieds des vases grecs ou des tableaux néoclassiques. » (Pierre Bergounioux) Repartir, revenir, comprendre. Par sa folie meurtrière, La Première Guerre mondiale hante encore notre…
Un long destin de sang, par Alexandre Castant, écrivain
Offensive française en Alsace, au mois d’août 1914 « Depuis la mort de François-Ferdinand de Habsbourg, le 28 juin 1914 à Sarajevo, et la guerre mondiale qui allait la suivre le 28 juillet, la terre n’aura été que tombeau, relief de cicatrices et de dévastations perpétrées par le bruit : d’obus, de canons, d’avions, de mitrailleuses et…
La guerre dans la tête, par Louis-Ferdinand Céline, écrivain
« J’ai bien dû rester là encore une partie de la nuit suivante. Toute l’oreille à gauche était collée par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrée. Kersuzon à côté était tout lourd tendu…
Souvenirs militaires de la Grande Guerre, par Charles Vildrac, poète, dramaturge, et soldat
« Passé dans la réserve de l’Armée active, ce ne fut qu’une semaine après la déclaration de guerre que, selon l’ordre d’appel, je me rendis à Fontainebleau. J’eus le temps, auparavant, d’assister aux premiers déchaînements de la sottise nationale, aux excès d’une populace en proie au prurit chauvin. » Oui, la littérature change la vie. D’avoir lu…
Le fa presto de Mathurin Méheut, peintre breton
Fut un temps où l’existence d’un monde commun n’était pas une pensée saugrenue. Un monde donné par les métiers, les traditions, les paysages, la présence animale évidente, non par le démon du lucre dévorant chaque fragment de réalité, jusqu’à faire imploser les êtres. Loin de cette logique féroce devenue la substance de nos interactions, il…