De l’unité, par David Tatin, photographe

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© David Tatin

Biologiste de formation, David Tatin pose sur le monde un regard dégagé des fausses antinomies : nature et culture, terre et ciel, homme et animal, matière et éther.

Sa pratique photographique, dont témoignent trois livres autoédités – Mes pierres de passage (2017), L’animal-montagne (2018), Cosmos (2020) – relève d’une expérience de l’unité.

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© David Tatin

Il s’agit, par la marche et l’ascèse méditative, de chercher un accord de fond entre espaces du dehors et territoires du dedans, un dépassement des frontières stériles, une sensation de totalité sans heurt.  

Ne hiérarchisant pas les techniques, David Tatin utilise aussi bien les procédés anciens – cyanotypes teintés dans le thé, sténopés – que la force des traitements numériques, le photographe s’intéressant davantage aux processus, aux essais, aux approches successives d’une même donnée, et au hasard vécu dans le mystère de ses nécessités, qu’à l’impression de fixité.

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© David Tatin

Son travail opère donc une désorientation, une déroute des repères ordinaires, dans le plus proche comme dans le plus lointain.

La notion de propriété privée est une aberration pour l’artiste se nourrissant de l’autre, du tout-autre, du tout-monde.

Ces pierres disposées dans un ravin sont-elles des grains de café ?

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© David Tatin

Qui déchiffrera le langage des eaux léchant les pierres en un ballet sans fin ?

Les nœuds de l’arbre, la forme des nuages, la disposition des étoiles.

Des chevelures végétales, comme chez André Breton.

Des fougères, des algues, des grottes sous-marines.

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© David Tatin

Des filaments et des cairns, de la poussière bleue et des matins orange.

Des lacs de montagne, des massifs boisés, de la neige tachetée de pierres comme une peau de léopard.

David Tatin appelle avec justesse tout cela « la maison », la Terre-mère, l’abri premier.

Tout est trace, tout fait sens au-delà de nous, tout résonne, il n’y a pas de reste.

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© David Tatin

Soleil voilé, lumières des villes, îlots rocheux plongés dans les ténèbres.

Qui sont les augures capables de lire aujourd’hui le vol des oiseaux ?

Il nous faut tout réapprendre, tout réinventer, sortir de la brutalité.

La merveille est accessible, en nous et à deux pas de chez nous.

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© David Tatin

Ces lieux se nomment pour le photographe Luberon, Lure, Ventoux, Alpes de Haute Provence, Hautes Alpes, Ardèche, Causse Méjean, Pays Basque, Angleterre, Méditerranée, Camargue, Porquerolles.

« Ce fut là, précise-t-il, mais aurait pu être partout ailleurs. »

Quoi de plus beau que la forme d’un oursin ?

Nous nous inscrivons dans le mandala de la nature, animalcules agis et agissants.  

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© David Tatin

Partir seul, se laisser absorber par le paysage, être le paysage.

L’apparition d’un animal, devant nous, sur un chemin de campagne, est toujours de l’ordre d’un miracle.

L’art peut en révéler la présence, fragile et puissante, comme un glacier de montagne, un éboulis de roches, le toit d’une masure dans la tempête.

En ses recherches photographiques, David Tatin cherche à transmettre une possibilité de paix intérieure.

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David Tatin, Cosmos, texte David Tatin, entretien avec Philippe Durand, 2020, 88 pages

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David Tatin, L’animal-montagne, 2018, 104 pages

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David Tatin, Mes pierres de passage, 2017, 72 pages

David Tatin – site

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 © David Tatin

David Tatin est représenté par la galerie L’Angle (Hendaye)

Galerie L’Angle

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Alicia Bk dit :

    C’est vraiment magnifique !

    J’aime

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