Seoul, cinéma permanent, par Sarah Van Rij, photographe

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©Sarah Van Rij

Des aplats colorés sur un mur, des superpositions de cadres, une ombre en premier plan, sommes-nous à New York dans un livre aux photographies inédites de Saul Leiter ?

Non, nous sommes à Seoul avec Sarah Van Rij, qui a regardé pour la collection Fashion Eye de Louis Vuitton la capitale asiatique dans son authenticité et son artificialité, ses présences humaines flottantes, son ciel sans nuage et ses structures minérales.

Le voyage commence par une partie de jeu de go, pions blancs et noirs, main qui s’avance, stratège, précise.

©Sarah Van Rij

L’artiste néerlandaise née en 1990, vivant entre Paris et Amsterdam, regarde Seoul dans ses multiples surfaces, son flux, sa cinégénie.

Chaque image est composée comme un tableau, dans une attention portée aux couleurs comme aux lignes, aux reflets comme aux variations de lumière.

On peut imaginer des récits, des fragments d’histoires, des microfictions.

©Sarah Van Rij

Il y a dans son travail un sentiment d’intemporalité très fort, doublé d’une approche des situations vécues comme des scènes oniriques, voire surréalisantes.

Des visages apparaissent, protagonistes ou seconds couteaux d’un film noir aussi peu compréhensible – et c’est tant mieux – que le scénario du Faucon maltais, de John Huston.

Ponctuées d’images imprimées sur papier calque craquant aux beaux effets de transparence, les séquences visuelles de Sarah Van Rij saisissent des passants, des élégantes, des costumes militaires se superposant à des buildings.

©Sarah Van Rij

On sort le parapluie comme à Londres, mais ici pour se protéger des rayons accablants du soleil.

Seoul est un ensemble de scènes vues, dont les références sont à la fois picturales et cinématographiques (SALO, tronqué du n, apparaît sur une vitre).

Le cadre tranche les visages, les statues, les corps.

Rien n’est donné qui ne soit masqué ou en réserve de visibilité.

©Sarah Van Rij

Il ne s’agit pas d’imposer mais de suggérer, de faire réfléchir et deviner, d’intriguer l’esprit par l’œil.

Les mannequins aux talons hauts font songer à quelque dame au son claquant d’un film perdu de Jacques Tati, la photographe soulignant le burlesque involontaire de la vie.  

Il y a des effets de gémellité, des échos, un vertige de fractales, des koans visuels.

Sommes-nous vraiment de ce monde ? semblent nous demander les compositions de Sarah Van Rij.

©Sarah Van Rij

Nous sommes des somnambules qui errons sur le vaste plateau de théâtre d’une cité à la substance énigmatique.

Un bras se lève, touche le vide, puis disparaît dans le spectacle d’un spectacle d’un spectacle.

Les androïdes de chair humaine, ou les humains de chair androïde, sont des monades frôlant d’autres monades, avant que de se transformer en poussière de mots, de signes, de couleurs.

Seoul existe dans l’œil de la photographe venue du lointain et proche Occident comme une cosa mentale.

Sarah Van Rij, Seoul, edited by Damien Poulain, editorial director Axelle Thomas, editor Anthony Vessot, editorial official Anaëlle Lecointe, collection Fashion Eye, Louis Vuitton Malletier, 2023

https://www.sarahvanrij.com/

©Sarah Van Rij

https://fr.louisvuitton.com/fra-fr/magazine/articles/fashion-eye-seoul

https://www.leslibraires.fr/livre/21936714-fashion-eye-seoul-sarah-van-rij-louis-vuittonhttps://www.leslibraires.fr/livre/21936714-fashion-eye-seoul-sarah-van-rij-louis-vuitton?affiliate=intervalle

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