Beauté et indépendance des femmes zapotèques, par Delphine Blast, photographe

©Delphine Blast

Se présentant sous emboitage de pétales roses et reliure faite en toile de nappe mexicaine, Fleurs de l’isthme, de Delphine Blast, est un livre à déguster en dénouant délicatement le ruban vert qui en ferme le coffret.

On est ici du côté de la délicatesse, de l’attention extrême aux détails, de la sophistication partageuse.

Fleurs de l’isthme est un véritable écrin, sorte de conservatoire fabuleux pour des femmes de tous âges posant en costume traditionnel coloré avec toute la puissance et la grâce de leur présence contemporaine.

Delphine Blast n’oppose pas tradition et modernité, mais relance l’une par l’autre.

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Son livre ne cherche pas à relever le combat identitaire, mais à magnifier la beauté de ses modèles inspirés par l’ethos d’un peuple de plus de deux mille ans.

« L’organisation des femmes de l’isthme mexicain, précise ma journaliste Diana Manzo et l’auteure, s’apparente à une société matrilinéaire. (…) Elément central de leur identité, le costume des Indiennes zapotèques reflète leur appartenance à la culture préhispanique. Composé d’un jupo, (« enagua ») et d’un haut brodé sans manche (« huipil »), la tenue traditionnelle zapotèque est le résultat d’heures de travail. Les fleurs sont brodées à la main au fil de soie sur du tissu velours, rendant ainsi chaque pièce unique. La coiffe (« resplandor ») réalisée à partir de dentelle blanche pliée et amidonnée vient compléter la tenue et a une place centrale et hautement symbolique. (…) L’ensemble est complété par des bijoux en or transmis de génération en génération. »

Plus voluptueux, plus séduisant, plus yin, que le grand œuvre yang de Charles Fréger, Fleurs de l’isthme n’en possède pas moins une même rigueur formelle.

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Cadrages impeccables en studio sur fond coloré, images ensuite encadrées par des motifs de toiles cirées mexicaines

Fleurs de l’isthme est composé d’une trentaine de portraits de femmes habitantes de Juchitan, dont chacun pourra aisément la force de présence.

Les yeux ne cillent pas, les tenues et les coiffes sont somptueuses, il y a de l’ailleurs dans l’ici, et des dizaines de générations dans le bel aujourd’hui.

Pas de grisailles passéistes, mais une polychromie qui subjugue.

Une fierté d’être là.

Une dignité.

De l’immarcescible.

Fleurs de l’isthme fait du bien, ses femmes sont un espoir, la tradition est aussi une émancipation.

Delphine Blast, Fleurs de l’isthme, texte (français, espagnol, anglais) Diana Manzo et Delphine Blast, book’s design Orianne Mazeaud, Bessard Editions, 2022 – 500 exemplaires comportant un tirage signé