
Thomas Sauvin est à la fois artiste, éditeur et collectionneur.
Constituée depuis 2009, sa collection « Beijing Silvermine » a été exposée au Musée de la Photographie contemporaine de Chicago, au Musée Nicéphore Niepce, à Paris Photo, au Musée d’art de Canton, ou encore à la Fondation Cartier.
Thomas Sauvin a collecté d’abord, dans une zone de recyclage au nord de Pékin, des kilos de négatifs destinés à être détruits.

Il les a patiemment triés, classés, restaurés.
Près d’un demi-million de photographies anonymes ont ainsi été sauvées de l’oubli, montrant la vie quotidienne des Chinois comme aucune autre archive.
Nous vivons l’époque de l’immatérialisation, et de la disparition du support.
Les œuvres vernaculaires prennent de plus en plus d’importance à mesure que le monde s’efface à vue d’œil.

Non, la Chine n’était pas une illusion, Thomas Sauvin vous le prouve.
Tiens, voici un soldat colorisé, un pèse-bébé avec un nourrisson gesticulant comme il se doit, rouge de colère, des nourrices côte à côte, drôles et gaies, offrant leur sein aux petits affamés.
Petit d’homme grandit, contenu pour sa sécurité physique dans une structure en bois.
Premières chutes, essaie encore, rate mieux encore, vas-y, rate encore une fois.

Apprend à écrire.
Des prouesses se prépare, corps de liane, fleurs de charme.
Les jeunes filles dansent, puis se marient.
Automobile, frigo, c’est le grand jeu de la modernité.

Certains posent comme des culturistes occidentaux, membres huilés.
Oui, mais la médecine traditionnelle dans tout ça, les méridiens, les canaux d’énergie ?
Un peu de réflexologie plantaire ne fera pas de mal à Musclor.
Les sages chinois ne sont pas sages, regardez-les faire les pitres, tout se perd décidément.
C’est l’heure de la natation, il y a des milliers de portraits, c’est une mer furieuse.
Petit Scarabée deviendra grand.
La photographie est un véhicule interstellaire, il ira loin.
Mais, qu’est-ce ce sac de 25 kg à l’orée du livre ?
Contient-il de la farine, du riz, des pois cassés ?
Non, il a protégé un trésor de négatifs promis à l’anéantissement.
Thomas Sauvin a sauvé.

Thomas Sauvin, collection « Percevoir », texte de François Duriff et Simon Baker, responsable d’édition Anne-Laure Cognet, direction artistique Johanna Starck, Editions de La Martinière, 2022, 128 pages
https://aca-project.fr/portfolio/thomas-sauvin-collector/

https://www.editionsdelamartiniere.fr/livres/thomas-sauvin/
