
©Paolo Roversi
Le quinzième volume de la collection Des oiseaux, confié à Paolo Roversi, est une splendeur.
Dans son studio de travail posent, comme s’ils s’agissaient de sujets humains, des oiseaux de fauconnerie, chouettes, faucons, hiboux.
Photographiés au Polaroid grand format, les rapaces regardés par l’artiste italien témoignent de la beauté et du mystère de la vie.
Ce sont des rois et reines d’un royaume secret, des apparitions majestueuses, des entités merveilleuses.

©Paolo Roversi
Les tons monochromes teintés de couleurs vertes et violines offrent à ces mannequins de plumes bien vivants une aura les protégeant de toute corruption.
Ils sont ici et hors du temps, ailleurs et terriblement présents.
Photographe de mode doublé d’un portraitiste de grand talent, Paolo Roversi les contemple comme il le ferait de ses modèles destinés aux papiers glacés des plus grands magazines du monde.
Les oiseaux libérés par le fauconnier posent, juchés sur un tabouret ou le dossier d’une chaise, avec un professionnalisme considérable.
Ils ne cillent pas, et interrogent leurs contemplateurs avec une intensité intimidante.

©Paolo Roversi
L’impression est celle de découvrir à travers le prisme d’un bloc de glace arctique un peuple étrange et noble.
L’image relève quelquefois d’une véronique d’où se détachent des formes à la limite de l’abstraction.
On a rarement approché si bien l’énigme de la création, dans toute son étrangeté et son cri premier.
L’image est quelquefois déchirée, comme si nous avions rêvé, et qu’il ne nous restait plus que quelques lambeaux de songes.
L’opalescence sied bien à ces passants de plumes dont nous pouvons être certains qu’ils appartiennent au même espace que le nôtre.

©Paolo Roversi
« Dans un monde où la nature sauvage est essentiellement appréhendée à travers le filtre des écrans tandis qu’elle disparaît progressivement de la vie réelle, écrit la curatrice Chiara Bardelli Nonino, responsable d’une exposition Roversi dans sa ville natale de Ravenne, ces Polaroids grand format sont une démonstration de pensée magique, une quête de cette rencontre impossible entre la nature apprivoisée et la vie sauvage, entre l’homme et l’animal, entre « nous » et « eux », à travers la faible émanation de lumière qui s’imprime sur la pellicule comme un sceau de cire. »
Athéna est apparue.
Athéna disparaît.
Athéna a disparu.

Paolo Roversi, Des oiseaux, textes Chiara Bardelli Nonino et Guilhem Lesaffre, Atelier EXB, 2023, 88 pages
https://www.instagram.com/roversi/?hl=fr
https://exb.fr/fr/home/618-des-oiseaux-paolo-roversi.html
