Photographier à l’aquarelle, par Françoise Nunez

©Françoise Nunez

« Françoise prenait son temps. / Elle avait l’intelligence de la lenteur. / Elle aimait faire les choses bien, consciencieusement, appliquée. / Et elle faisait ainsi des aquarelles. » (Bernard Plossu)

François Nunez est une grande artiste, exigeante, intense, vraie.

On la connaît comme photographe (Inde, Japon, Chili…), attentive au mystère d’être au monde, et à la façon dont circulent entre les êtres, comme entre le visible et l’invisible, les énergies.

©Françoise Nunez

La publication de ses Aquarelles dessinées est ainsi une véritable découverte, doublée d’une vaste joie.

Françoise est là, publiée sur beau papier épais, continuant à voyager et à se voyager en trente-trois aquarelles, « modestes, comme elle ».

Nous sommes en Syrie, en Ethiopie, en Tunisie, en Andalousie.

©Françoise Nunez

Penchée sur ses cartons de petit format (10 x 15 cm), l’artiste dessine avec beaucoup de délicatesse des temples, des porches, des seuils.

Ce sont des entrées dans un monde autre, merveilleux, ordonné jusque dans les ruines antiques représentées : ce ne sont pas des effondrements, mais des organisations formelles raisonnées, des présences supérieures posées dans le rectangle tremblé de l’aquarelle.

©Françoise Nunez

Palmyre est là, avant et après la destruction, intemporelle, sauvée.

Aucun effet d’exotisme, mais les traits de la vie quotidienne, jadis et aujourd’hui.

Pourquoi s’attacher à dessiner lorsque l’on est photographe ?

Parce que la réalité est multiple et qu’un seul médium ne peut la circonscrire.

Parce que les arts communiquent.

Parce que la main va à l’œil comme l’œil va à la main.

©Françoise Nunez

Des lignes verticales, des horizons de montagnes.

Des maisons posées dans l’espace, le dôme d’une mosquée, un homme sur son âne, témoignent du sacré dans la quotidienneté, sans dévotion particulière : le proche suffit à dire l’énigme fondamentale.

Un petit personnage planté sur la terrasse de sa demeure salue l’artiste, à moins qu’il ne lance un avion, ou libère un oiseau qui rejoindra les virgules noires parcourant le bleu pâle en haut à droite de l’image.

On marche avec Françoise dans ses paysages peints, le pas est tranquille, on est bien.

On randonne encore un peu.

©Françoise Nunez

Tiens, voilà Bernard au coin de la rue.

On ne peut pas perdre les êtres que nous aimons.

Il faut continuer à dialoguer, à s’étreindre, à se regarder.

Ainsi Françoise et Bernard par-delà la frontière absurde séparant les vivants et les morts.

Françoise Nunez, Aquarelles dessinées, préface de Bernard Plossu, conception graphique Patrick Le Bescont, Filigranes Editions, 2024, 48 pages

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