Une foi de pierre et de lumière, par Christine Turnauer, photographe

©Christine Turnauer

« Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l’édification d’un édifice spirituel. » (Pierre, premier évêque de Rome, prince des apôtres)

En Ethiopie, royaume de la reine de Saba et berceau du christianisme, Christine Turnauer a rencontré des hommes et des femmes de pierre mouvante.

En ce pays où selon la Bible fut découverte l’Arche de l’Alliance – gardée selon la tradition par des moines dans une chapelle à côté de l’église Sainte-Marie-de-Sion à Aksoum -, la foi chrétienne est vécue dans une continuité historique avec la judéité.

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« Lors de ce voyage en Ethiopie, précise en préface la photographe, nous n’avons cessé de rencontrer des personnes dignes, profondément croyantes : des juifs falacha, des chrétiens orthodoxes, des prêtres, des moines, des religieuses. Ce fut une école biblique vivante. J’avais l’impression de cheminer à travers l’Ancien et le Nouveau Testament. En paix, shalom. »

Cette paix est particulièrement perceptible dans les portraits qu’a réalisés l’artiste – même si depuis les années 1970, la grande majorité des Juifs éthiopiens – plus de cent mille personnes – ont dû fuir un pays en guerre pour trouver refuge en Israël.

Photographiés sur fond neutre ou noir, Kes Raphael Hadane, grand-père des juifs à Gondar (Ethiopie), rencontré à Jérusalem en 2011 peu après son immigration, et Rabbi Yosef Hadane, son fils, sont d’un hiératisme impressionnant, alors que nous voyons des membres de la communauté des Beta Israël dans la synagogue de Gondar, avec le sentiment de la disparition d’un monde, noble, beau, évident.

Des femmes et leurs enfants, la douceur des traits et des gestes, des yeux de lumière.

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Sur les croix d’Ethiopie, le corps du Christ ne peut être représenté.

Les orthodoxes – entre 35 et 50 millions de fidèles en Ethiopie alliant racines préchrétiennes et traditions africaines – possèdent près de trois cents variations géométriques de la croix.

On entre dans une église rupestre de Labilela avec l’impression de remonter très profondément le temps.

Bâtons de prière, musique, longues messes.

A Gondar, Christine Turnauer rencontre une marchande de charbons qui semble une femme de pure joie.

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En Ethiopie, les chrétiennes orthodoxes portent une chevelure composée de multiples tresses.

« Les chrétiens, explique Rabbin Menachem Waldman, circoncisent leurs fils et veillent à consommer exclusivement de la viande de bœuf, de la volaille et du poisson portant les signes d’identification de la kashrout, inscrits dans la Torah. Le septième jour de la semaine s’appelle Senber (shabbat) et porte couramment le nom de Kedame (ancien, ancestral) d’après le shabbat de l’Antiquité, qui était observé en Ethiopie. »

Un couple, leur bébé, leur vache.

Tuniques blanches, visages droits, sentiment d’ancrage.

Des ermites hors d’âge.

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Mais au fait qu’est-ce que l’Arche de l’Alliance ?

C’est l’amour, c’est l’art, c’est la justice.

C’est, selon les cinq livres de Moïse, le réceptacle sacré des Tables de la Loi du mont Sinaï.

Accompagné de textes éclairants, Visages bibliques d’Ethiopie donne la mesure de beauté d’une foi ne doutant pas d’elle-même.

Christine Turnauer, Visages bibliques d’Ethiopie, textes Asfa-Wossen Asserate, Christine Turnauer, Menachem Waldman, Dietmar W. Winkler, design graphique Margarethe Hausstätter, Kehrer Verlag, 2024, 120 pages

https://www.kehrerverlag.com/en/christine-turnauer-visages-bibliques-de-l-ethiopie-franzoesische-ausgabe-978-3-96900-170-7

https://christine-turnauer-photography.com/

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