L’opacité du désir, par Anton Delsol, photographe

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©Anton Delsol

Je présente depuis ses premiers fanzines le travail photographique d’Anton Delsol.

Le voir progresser dans son œuvre, constater l’approfondissement de ses visions, observer les chemins qu’il prend pour faire circuler le désir – trio modèle/photographe/spectateur – est une grande joie.

L’impression risographique noir et blanc lui va très bien, Eden noir étant probablement son meilleur livre.

©Anton Delsol

Le corps féminin obsède Anton Delsol, dont l’art de l’érotisme gagne avec cet opus en intensité, en nuances, en mystère.

Les femmes collaborant avec lui ont le regard franc, le corps libre, et l’âme quelquefois mélancolique.

Elles veulent montrer leur puissance, leur pudeur, leur plaisir, qui ne suffit pas au bonheur, voilà pourquoi les yeux sont quelquefois tristes.

©Anton Delsol

Collants résilles, piercings au nez et aux tétons, mascara appuyé, rouge à lèvre, chevelure de jais.

Qui est cette femme sanglée portant au cou une chaîne à laquelle pend une lanière écrasant ses seins ?

A qui appartiennent ces scarificiations ?

Et ces deux amantes floues voluptueusement enlacées produisant de l’électricté ?

©Anton Delsol

Sont-ce Alleria, Catflower_s, Cindy, Dame S, Elktra, Etienne, Lilith, Louvna, Marine, Morgane, Morgane II, Perverses_links, Rousse, Sabrina, Sasha, Shéhérazade, Trodblabla, soit l’éternel féminin diffracté en autant de visages, de postures, d’audaces ?

Les modèles dévoilent leur corps, mais tout reste opaque.

Le maître est l’esclave, l’esclave est le maître, la domination est soumission, la soumission est domination, mesdames qui vous livrez à quelques cérémonies secrètes sur le parquet d’une maison ancienne, votre sauvagerie est une douceur, votre douceur est une sauvagerie.

 ©Anton Delsol

Vos timidités sont des flèches ardentes, vos langues dardées sont le signe des diablesses.

Bijoux indiscrets, cambrures des reins, fesses rondes.

Eve ferme la porte, tout peut se passer, et tout se passera.

Passent une divinité bicéphale, un modèle à la chevelure léonine protégeant son pubis, un dos tatoué de fleurs, des seins pressés comme des agrumes.

©Anton Delsol

Eden noir explore la fantasmagorie bondage, baîllon boule, bracelets en cuir faisant office de menottes, bandeau, cagoule, talons hauts.

Quelquefois rien de tout cela, mais la simple douceur, la joie d’être nue, la danse des mains provoquant l’orgasme. 

Il fait chaud dans la chambre des plaisirs.

La séance de pose est une chance, c’est le moment de se métamorphoser, de découvrir l’autre en soi, plus vraie peut-être, plus inconvenante, plus crue.

Démocratie des corps, tous différents, âges adultes multiples, envie de ne plus s’appartenir.

Par la rigueur, la persévérance et la beauté incandescente de son travail, Anton Delsol offre à chacune des femmes qui lui font confiance un espace unique de libération.

Attention, il n’y a que cent exemplaires.

Anton Delsol, Eden noir, autopublication, 2025 – 100 exemplaires numérotés et tamponnés du sceau de l’auteur

©Anton Delsol

https://www.instagram.com/anton.delsol/

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