Fictions de Benjamin Jordane, par Jean-Benoît Puech, écrivain chercheur

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Benjamin Jordane, Salers, 1992

Je ne connais ni la personne, ni l’œuvre de Benjamin Jordane, mais Jean-Benoît Puech les présente fort bien.

Dans une conférence donnée en Touraine le 7 juillet 2024 dans la demeure de ses amis Anne et Gérard Macé, le chercheur en littérature, qui fut aussi son ami, avant que d’assumer un différend ayant mené à une rupture à propos de l’épouse de l’écrivain, de la liberté sentimentale et de la logique romanesque – confidences rapportées durant l’allocution mi-écrite, mi-improvisée -, a tracé les grandes lignes biographiques d’un auteur désormais confidentiel.

Afin de transmettre à un plus large public cette parole informée, les éditions La Pionnière (Dominique Janvier) ont décidé de publier le texte, très bien écrit et composé, de cette communication, comme l’on dit dans le milieu savant.

Qui était Benjamin Jordane (1947-1994) ? Quels étaient ses thèmes de prédilection ? Comment considérait-il son art ?   

  • Un être tourmenté ayant été interné en hôpital psychiatrique durant sa jeunesse.
  • Un auteur de fictions limpides et étranges, emprutant leurs caractéristiques à la « paralittérature » ou à la littérature populaire : « La plupart des récits présentés mettent en scène des enfants ou des adolescents sauvages et silencieux, observés par des adultes qui en sont plus ou moins responsables : une gouvernante, un précepteur, un instituteur, un pasteur, des parents et même des vampires… tous fascinés par l’indépendance apparente de leurs cadets, puis des adultes retirés du monde, tous célébrés par des lecteurs admiratifs de leur œuvre lorsqu’ils sont des artistes ou des écrivains, mais plus encore de leur désoeuvrement. »
  • Des vies silencieuses, mutiques, retirées du monde et de ses affaires vulgaires.
  • Une amitié avec Pierre-Alain Delancourt, écrivain « ayant tourné le dos à son œuvre ».
  • Une interrogation permanente sur la vanité de la littérature.

Pour aller plus loin, outre les œuvres du romancier (Le Château de sable, Toute ressemblance…, L’apprentissage du roman), on pourra lire, de Jean-Benoît Puech, l’excellent Jordane et son temps (P.O.L, 2017).

Mais, au fait, Benjamin Jordane existe-t-il ?

Jean-Benoît Puech n’est-il pas son double, voire son créateur ?

La saveur des identités multiples ne se cache-t-elle pas dans la logique hétéronomique littéraire ?

La littérature ne manque-t-elle pas souvent d’humour ?

Entre Terreur et Rhétorique (lire Les Fleurs de Tarbes, de Jean Paulhan), entre silence et verbalisation , il se pourrait bien que Jean-Benoît Puech ait choisi la voie du baroquisme classique.

On espère pour lui le prix Bartlebooth.

Jean-Benoît Puech, Benjamin Jordane, Editions La Pionnière, 2025, 38 pages

https://www.lapionniere.com/categorie-produit/auteurs-livres-art-bibliophilie/jean-benoit-puech

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