Lumières d’Inde, par Caroline Abitbol, photographe

©Caroline Abitbol

« Le renoncement c’est renoncer à s’attacher. S’attacher aux réflexions, aux images du miroir. Ce n’est pas un effort, c’est une compréhension. » (paroles de Swami Vijayananda)

La brume gagne le paysage, on ne verra bientôt plus rien, il va falloir tourner le regard vers soi, et découvrir un autre royaume.

Ou alors, utiliser comme Caroline Abitbol l’appareil de vision, composer avec les gris, les noirs et les blancs, entrer dans le silence.

©Caroline Abitbol

Nous sommes en Inde, il y a du mystère, un dialogue profond avec la lumière et les ombres.

Là où l’Eternité est une évidence est un livre où le calme règne, une attention envers le vivant et l’invisible, doublée d’une dimension sacrée, qui est la palpitation du sans mesure en chaque chose.

Comme l’écrit superbement en préface Marc Riboud, autre mage, « Tournez ces pages lentement. Chaque page est une note de musique, les rythmes et les rimes se suivent. Laissez-vous immerger dans un autre monde. Ce monde de l’Orient. Une autre culture, une autre façon de vivre. Une autre façon aussi de voir. Un Orient que l’on ne trouve plus en Chine, un peu au Japon, mais qui survit en Inde malgré la tentation de l’occident, de ses techniques et ses impatiences. »

©Caroline Abitbol

Un autre temps, autre tempo, nous est proposé par l’artiste, chaque photographie relevant d’une sorte de rite.

Le dualisme n’a pas cours, l’extérieur est intériorité, il y a sensation d’unus mundus.

S’avance entre les végétaux touchés par le soleil, comme dans un conte, une femme portant sari.

Ce sera notre guide, notre chance, notre amie.

Caroline Abibtol observe des arbres semblant entrés en sous-conversation, un sage fatigué, des chemins nimbés d’une matière onirique.

Des spectres errent, le Gange est une mer étale, quelqu’un a pénétré dans l’eau pour faire ses ablutions, et prier.

Les générations cohabitent, se regardent, les gestes témoignent d’une relation intime avec le divin.

Mère Teresa apparaît de profil, regardant ses doigts comme on entre en introspection.   

©Caroline Abitbol

Des chiens dorment dans un cimetière, où résonnent peut-être les paroles de la sainte Mâ Ananda Mayee : « L’univers est né de la joie… Trouvez cette joie d’où jaillit le monde. (…) La naissance de toute ce qui existe dans le monde, arbres, plantes, insectes, reptiles, tous autres êtres vivants, est votre naissance, leur mort est votre mort. »

Visages graves, solennité, méditation.

Chant des enfants, musique, danse, rires.

L’art bien compris participe de la révélation, et de la célébration du plus grand que soi, qui est aussi en chacun

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Les noirs intenses donnent l’impression de s’engager dans quelque territoire secret, Caroline Abitbol photographiant quelquefois aux marges du représentable.

Puits de lumière, geste de dévotion, marqueterie de la transcendance.

On se recueille au pied de l’Himalaya, dans une pièce obscure, dans un sous-bois un jour de pluie.

Beautés simples et grandioses rendent compte d’une sérénité supérieure, d’une harmonie ineffable.

Laver un drap, se pencher, allumer un feu.

Là où l’Eternité est une évidence est un livre de contemplation, de méditation, mais c’est aussi une prière, chaleureuse, puissante, sereine.  

Caroline Abitbol, Là où l’Eternité est une évidence, préface de Marc Riboud, conception et réalisation graphique Dominique Gaessler, Trans Photographic Press, 2019

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https://www.transphotographic.com/produit/la-ou-leternite-est-une-evidencede-caroline-abitbol/

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https://carolineabitbol.com/projects.php

https://www.villatamaris.fr/fr/marc-riboud-loeil-du-voyageur

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