Une décennie d’autoportraits, par Angélique Boissière, photographe

©Angélique Boissière

Angélique Boissière photographie magnifiquement les femmes, en témoignent ses deux premiers livres ayant obtenu un véritable succès public, Marées (2018) et Soie (2021).

Mais elle interroge aussi sa propre apparence et son être d’artiste dans des autoportraits formant la matière de son dernier livre, Reflets à soi.

L’appareil de vision, presque toujours un Rolleiflex, est chaque fois visible, c’est un compagnon, un révélateur, un double étrange et fascinant.

©Angélique Boissière

Le format carré induit la concentration du regard, Angélique Boissière jouant avec les multiples possibilités de cadrages et de décadrages.

Etre soi, être une autre, se dévoiler, assez souvent nue, rester opaque.

Pour la dimension exploratoire du médium, la recherche introspective, la fictionnalisation érotique et le trope du trépied, on pense à Denis Roche.

©Angélique Boissière

Une femme se regarde, grave, hitchcockienne, sorte de Pythie – Rebecca – tournant inlassablement autour d’un omphalos photographique de nature magique.      

Reflets à soi est une odyssée intime à travers miroirs et fenêtres, qui n’est pas sans faire songer également à Francesca Woodman.

Le boitier est porté au niveau de, la poitrine, du plexus solaire, du ventre ou du sexe, mais c’est aussi une conque que l’on colle à l’oreille pour y entendre résonner le chant de l’être.

©Angélique Boissière

Angélique Boissière met en quelque sorte en scène ce que les psychanalystes appellent le stade du miroir, ce processus de reconnaissance de l’enfant quand il contemple son reflet.

Ce corps que je vois est-il bien le mien ?

Qui est cette femme à l’attitude solennelle, élégante et mélancolique ?

Ces bras m’appartiennent-ils ? et ce dos ? et ce cou ? et ces jambes ?

©Angélique Boissière

Parquet nu, lumière brute, corps dévêtu.

Empreintes du noir et blanc.

Apparaît la femme tulipe, la jeune fille, l’étudiante, la glamoureuse en porte-jarretelles.

Corps diffracté, multiplié, fragmenté.

L’inventivité des prises de vue – décennie 2013-2023 – est considérable.

©Angélique Boissière

Ballet des tenues.

Corps allongé, debout, assis, renversé, plié, déplié, caché, accroupi, de face, de dos, de profil.

Reine d’un palais des glaces semblant infini, Angélique Boissière ne photographie pas tant le passage de son corps et des traits de son visage à travers le temps, mais la permanence d’un mystère, avec une sensibilité qui touche, trouble, émeut.

Angélique Boissière, Reflets à soi, texte Catherine Raspail, autopublication, 2025, 168 pages – 1000 exemplaires

https://www.angeliqueb.com/

Double exposition à la galerie Taylor (Paris), du 25 septembre au 30 octobre 2025 : Lignes et contours, d’Angélique Boissière, et Dans une même lumière, d’Hervé Baudat

https://hervebaudat.com/fr/accueil

https://galerie-taylor.fr/

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