Le langage des oiseaux, et de la photographie, par Olivier Degen

©Olivier Degen

Olivier Degen n’est pas un ornithologue, mais un poète.

Son livre consacré à l’observation des oiseaux dans leur milieu naturel, Birdwatcher, relève bien davantage de la partition musicale que du relevé scientifique.

Accompagné de deux titres très beaux, mélancoliques, étranges et d’envol doux, du compositeur et pianiste François Couturier – téléchargeables à partir d’un QR code disponible sur la pochette cartonnée kraft formant écrin pour les pages non agrafées de l’ouvrage – ,Birdwatcher est une œuvre de silences blancs et de délicatesses ailées réunissant neuf suites d’images d’oiseaux, essentiellement en noir et blanc.

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Le temps est suspendu, on plane, on défie les lois de la pesanteur.

On est une virgule animaloïde, une divinité supérieure, tout, presque rien.

Olivier Degen contemple des danseurs fragiles et puissants, passagers des nuées.

Ils sont deux, trois, une compagnie entière, jouant pour Dieu, pour personne, ou le regardeur ravi.

Tiens, voici des hirondelles en nuances de gris : comment ne pas songer à l’ami Bernard Plossu, si fraternel et attentif aux gestes et ordres minuscules ?

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Des câbles électriques où se posent les volatiles rappellent les compositions d’Edouard Taufenbach.

Les registres et références se mêlent : minimal art, abstraction, musique répétitive, street art, film hitchcockien, fantastique, grâce extatique, ballet classique, polar, japonisme.

Et surtout le jazz, dont Olivier Degen est un grand amateur.

En effet, quels plus beaux instrumentistes et improvisateurs free que les libres oiseaux, entre big band déchaîné et piano solo à la Keith Jarrett ?

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C’est maintenant une symphonie, une explosion de couleurs, une énergétique, une nouvelle idéalité.

Le papier glisse, la main fredonne, Birdwatcher est une ballade.

De l’insoutenable légèreté, une noble gravité, de la félicité.

Un nid pour les âmes en peine, ou pour la joie.

©Olivier Degen

Ce livre qu’on imaginerait bien dans la collection Des Oiseaux, chez Atelier EXB, est autoproduit à deux cents exemplaires, il circulera clandestinement, s’invitera où il veut, créera surprise et bonheur.

Comme un instant indemne dans le vacarme des jours.