La chorégraphie des amants, par øjeRum, musicien, collagiste

©øjeRum La providence éditoriale enchante. Des livres dialoguent sans s’être jamais rencontrés ou concertés, c’est merveille. Paraissent ainsi simultanément deux livres de collages très beaux au thème similaire, Wild Flowers, de James Gallagher chez Depart pour l’image (Milan, Italie) et Ensomheden Vi Deler, du musicien et artiste visuel øjeRum chez IIKKI (Bretagne). ©øjeRum Composé de…

Sécuriser le périmètre, par Mads Holm, photographe

©Mads Holm Atteint de fièvre obsidionale, l’humanoïde terminal est un être assiégé, sous tension, placé sous contrôle. Dans le stupéfiant HRTLND (Heartland), Mads Holm observe la façon dont nos sociétés se sont militarisées en dix ans (2013-2023), fragmentées, déchirées, dans l’interconnexion permanente conduisant au vide abyssal des intériorités. On appelle cela la barbarie, ou le…

Interroger l’âme des morts, par Inuuteq Storch, photographe

©Inuuteq Storch Peut-on lire l’avenir dans un livre de photographie ? Peut-il y avoir une pratique nécromantique du livre d’art ? Comment accéder à la parole des morts ? Il n’est pas impossible que Necromancer, du mage noir Inuuteq Storch, représentant du Danemark à la Biennale de Venise 2024, ne fasse revenir les défunts pour les interroger sur…

De la disparition, par Luca Lovino, photographe

©Luca Lovino Avec The Name We Hold, publié par la maison d’édition indépendante danoise Disco Bay, l’Italien Luca Lovino met à l’épreuve notre esprit d’enfance. Il dispose des signes dans l’espace, joue au prestidigitateur, propose des éléments de construction. Livre de petit format, joliment entoilé de gris, pas très loin du carnet à dessins, The…

Still Fantasy, inconscient dégondé, par Absalon Kirkeby, photographe

©Absalon Kirkeby L’écriture de la lumière, telle est, vous le savez, la photographie. Ecriture de vibrations. Ecriture d’ondes. Cette définition, l’artiste danois Absalon Kirkeby en a fait l’absolu d’un livre évoluant entre abstraction et aspect documentaire de l’image. Publié par la maison d’édition indépendante Disko Bay (Copenhague), Still Fantasy est un kaléidoscope prenant littéralement le…

Diversités indiennes, par Gauri Gill, photographe

©Gauri Gill Née en 1970 à Chandigarh, Gauri Gill, peu connue en France, est pourtant d’une renommée internationale. Depuis plus de vingt ans, la photographe observe, en noir & blanc et couleurs, le quotidien de la population rurale et périurbaine du Rajasthan (en particulier pour la série Notes from the Desert), s’attachant notamment aux communautés…

Eloge de la douceur, Peder Severin Krøyer, peintre danois

« C’est une heure incertaine, c’est une heure entre deux / Où le ciel n’est pas gris même quand le ciel pleut » (Françoise Hardy) L’heure bleue, période entre le jour et la nuit où le ciel se remplit presque entièrement de bleu foncé, est aussi le titre d’une chanson de Françoise Hardy, un parfum de Jacques…

Intime, une utopie suédoise, par Magnus Cederlund, photographe

© Magnus Cederlund Il faut souvent plusieurs années avant de trouver un café à notre mesure, à la fois refuge et lieu de rencontre, terre d’exil et d’envol. Lorsqu’on croit l’avoir trouvé, il faut le tenir, lui être fidèle, y déposer temps, pensées, argent, et s’autoriser le soir venu à y être déraisonnable. © Magnus…

Drames et beautés de la cour des miracles, par Magnus Cederlund, photographe

Tout ment, cache, masque, dissimule, sourit dans le faux. Tout se vante, se monte le bourrichon, épate sa galerie, s’enveloppe de discours comme on revêt la toge virile. Pourtant, il y a eux, les autres, les oubliés, les déglingués, les inconvenables, les relégués, les invisibles. Ce sont les êtres cabossés de Skin Close (Journal, 2018),…

Tokyo, entre effroi et extase, par Meg Hewitt, photographe

Si Daido Moriyama avait une fille, ce serait certainement l’Australienne Meg Hewitt, auteure d’un Tokyo is yours, aussi dingue et terrible qu’un chat écartelé. On est ici du côté de Provoke et de la culture underground, du sublime jusque dans le sale, le bas, le trivial d’un escalator menant probablement au jardin des délices en…

Louis-Ferdinand face à ses juges, Céline en prison

  « On fout le camp jamais assez tôt, assez loin… » (Lettre à Marie Bell, 17 décembre 1948) Traqué, persécuté, emprisonné, accusé de trahison, Louis-Ferdinand Céline ne comprend pas, s’insurge, se défend, attaque. Deux hypothèses lui semblent s’imposer, conduites toutes deux par un désir de vengeance : les communistes n’auraient pas supporté la parution…