© Lynn Alleva Lilley
C’est un livre de combat, somptueux visuellement, et, politiquement, d’unité inconditionnelle.
Ayant déménagé avec sa famille en septembre 2011 à Amman, l’Américaine Lynn Alleva Lilley a été confrontée directement à la question des réfugiés, la guerre en Syrie venant de commencer.
Après les déplacés irakiens, les exilés syriens arrivaient en nombre en Jordanie, dans un pays parvenant à rester relativement stable.
© Lynn Alleva Lilley
Tender Mint, publié aux Pays-Bas par The Eriskay Connection, est sa vision de cette situation dramatique, un livre dur, mais surtout pudique et terriblement beau, comme une célébration pour chacun de la terre d’accueil, comme une façon de ne pas désespérer totalement de vivre.
Des hommes, des femmes, des enfants ont tout perdu. Les barbelés ont déchiré peaux et vêtements, et pourtant le vivant est là, partout, incroyablement puissant.
Paradoxe des naissances et des destructions, du feu et de l’eau, des habits de couleur et de la désespérance.
© Lynn Alleva Lilley
La mort se dit en prose, mais aussi en poésie, elle peut être métamorphosée, si l’on est chanceux, si l’on possède une grande force psychique, si l’on est bien entouré, si l’on est aspiré par la folie de l’art.
Il y a beaucoup d’animaux dans Tender Mint, tout un zoo (nombre d’entre eux sont en cage), toute une ménagerie.
Des tentes, du sable, des cailloux, du soleil, des végétaux secs.
© Lynn Alleva Lilley
Des nids et des abris de fortune.
Des couvertures comme des linceuls et des oiseaux blancs.
Une énorme pierre soutenant une montagne et un âne de bats mélancolique.
© Lynn Alleva Lilley
Un troupeau gravissant la colline comme au temps de Moïse.
Un fauve mort étendu derrière une roche.
Un autre épousant une tortue.
© Lynn Alleva Lilley
Des paysages de roches fabuleux, des chemins menant vers la liberté, peut-être.
Le regard droit d’une petite fille témoignant de son martyre.
Un dos d’homme, une bosse de dromadaire dans une lumière très douce, mordorée, apaisée.
Lynn Alleva Lilley construit des diptyques : un homme et un ours, les yeux de l’un, les yeux de l’autre, la terre de l’un, la poussière de l’autre.
© Lynn Alleva Lilley
Une famille, des pigeons.
Des enfants à l’école, le grand dehors de la ville d’Amman.
La tendresse est ici partout, dans les couleurs, les visages, les barbes, les gestes de fraternité, la nuit, les djellabahs, les ailes d’un pélican, une cascade, une guenon tenant fermement son petit contre son corps.
La beauté est déchirante, car elle est là, sans cesse, sans pourtant être toujours libre, ou appropriable.
© Lynn Alleva Lilley
Tender Mint est un livre ouvert, aux émotions complexes comme aux situations diverses, montrant les conséquences de la guerre, mais aussi la mer Morte, des petits villages, une clinique vétérinaire, des citoyens jordaniens vaquant à leurs occupations journalières, des zones militaires.
Je ne sais pas s’il reste beaucoup d’exemplaires de cet ouvrage, mais, étant totalement personnel et formellement très abouti, il est d’une force universelle.
Lynn Alleva Lilley, Tender Mint, poèmes Samih al-Qasim et Jane Hirshfield, design Rov van Hoesel, lithography Sebastian Hanekroot, The Eriskay Connection, 2017, 144 pages
© Lynn Alleva Lilley
Dear Fabien, Thank you very much for your sensitive review of my photobook, Tender Mint. I am glad to know the book continues to be seen and appreciated.
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