© Massimo Gurciullo
Après un premier volume autopublié conçu à la façon d’un fanzine (présenté dans L’Intervalle), le corpus sicilien de Massimo Gurciullo s’enrichit d’un deuxième opus sur papier glacé, plus grand, plus large, plus implacable encore.
Il y a des filaments de lumière, une atmosphère de drame, et la beauté fantastique des monstres de la mer occupant la page à la façon des espèces invasives, ou des aliens.
© Massimo Gurciullo
Il y a de la sauvagerie, et une idée plus haute de la civilisation que celle promue par les pisse-froid du capital.
Sicily #2 est au sens fort un livre communiste, mais d’un communisme non orthodoxe, ouvert à l’étrange, à la musique des corps, à la force et fragilité de chacun.
C’est un livre noir, sensuel et nerveux.
© Massimo Gurciullo
On peut penser à l’esthétique Provoke, à la façon fiévreuse de percuter la réalité pour qu’en tombent quelques pépites d’or fin et brûlant.
L’Etna veille sur Catane, puissance tutélaire, furieuse s’il le faut.
Attentif à la surréalité du quotidien, Massimo Gurciullo ne sépare pas le banal de la possibilité de la merveille.
© Massimo Gurciullo
Un arbre mutant, drôle de voyant au gros œil mouillé, semble détenteur d’une mémoire considérable.
Regarde-moi, regarde-les tous, enfants, automobilistes et assassins, accepte-les tels qu’ils sont, et tels qu’ils se transformeront dans la nuit des pulsions.
Le principe général de l’œuvre du photographe sicilien né en 1961 est métamorphique : l’un devient l’autre qui devient autre chose encore.
© Massimo Gurciullo
Une femme en peignoir sortant de la mer, des crabes, des visages africains, une voiture lancée à vive allure.
Le destin est un alliage de stries doriques, comme sur une chemisette des années 1970, et de formes labyrinthiques, comme à Cnossos.
Sicily #2 est peuplé de déesses aux seins nus et aux cheveux d’Erèbe, de chimères voluptueuses et de bandits de sept ans.
© Massimo Gurciullo
On y est bien, parce qu’ici le mystère d’être en vie n’est pas dénié, ou aveuglément évacué.
On avance à tâtons, on ne sait pas très bien où est la sortie, mais on y participe pleinement, spectateur amené à perdre de sa superbe, élément d’un rite dont il ignore les codes.
© Massimo Gurciullo
Dieu, dit-on, vomit les tièdes.
Il bénira assurément l’auteur de ce livre au jour du jugement dernier.
Massimo Gurciullo, Sicily #2, texte de Giuseppe Cicozzetti, editions Fototeca Siracusana Libri, 2020 – 100 exemplaires
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