Du salut, par Marc Corigliano, photographe

©Marc Corigliano

Qu’il écrive de la poésie ou photographie, Marc Corigliano compose des miniatures, des phrases images/verbes dans la profondeur du simple, observant des présences, relevant des énigmes, arrachant des mots à la nuit et à l’oubli.

Réalisées pendant la période des confinements à Arles et ses environs, en 2020 et 2021, présentées par Corinne Dumas à l’atelier cinq arles, les photographies de Midi passé, publiées par Arnaud Bizalion Editeur dans un format carré de modeste dimension, sont des visions de ruines et de merveilles insérées dans un cadre naturel de grande sérénité.

©Marc Corigliano

Le cocréateur à Marseille avec Philipe Blanchon et Christian Estèbe de la revue littéraire La Termitière choisit de cadrer des scènes apparemment sans qualité, et pourtant riches de détails multiples éveillant l’esprit.

Les murs débordent de végétaux, le silence s’impose, chaque image est un royaume.

L’organisation géométrique – verticales des poteaux électriques, diagonales des câbles et des toitures, horizontales multiples – fait de chaque vue une cosa mentale inscrite dans un ordre symbolique qui la transcende.

©Marc Corigliano

Mais ce n’est pas tout, il y a la lumière, cette clarté spéciale d’avant l’orage ou la tempête donnant à chaque chose un contour de gloire.

Il y a des luminescences, un hosannah, le cimetière prépare des ascensions, la maison taguée est l’antre d’un ermite.

Nous sommes morts mais nous sommes sauvés.

©Marc Corigliano

Tout est refuge pour qui sait entrer dans le poème du monde.

Après les photographies vient le poème, les tableaux que construit le verbe, hommage à un oncle aveugle décédé.

On comprend alors que les images que nous venons de voir sont pour lui, ou peut-être même de lui à travers les yeux de son neveu.

On peut devenir photographe pour un autre, pour tous les autres, ceux qui mal-voient, ou ceux qui ne savent quoi faire de leur regard.

©Marc Corigliano

« Mon oncle était aveugle, mais nul autre que lui ne savait à ce point glisser les unes dans les autres / des coquilles vides de moules et les disposer / en un demi-cercle parfait dans son assiette, / sous nos yeux médusés. »

Livre médusé, Midi passé est un aussi un ouvrage de salut.

Le philosophe-écrivain Pierre Parlant ne s’y trompe pas, qui écrit en postface : « Quelque chose arrive, un « je-ne-sais-quoi », un « presque rien » disait Jankélevitch, qui produisent pourtant un effet aussi inattendu que durable. Que faire alors, si ce n’est tenter de mettre en forme ce qui vient de nous toucher ? »

Voilà, c’est probablement par l’illumination de ce presque rien que l’on devient poète, artiste photosensible.

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Marc Corigliano, Midi passé, textes Marc Corigliano et Pierre Parlant, conception Marc Corigliano, Corinne Dumas et Arnaud Bizalion, graphisme – maquette Pierre-Marie Gély, Arnaud Bizalion Editeur, 2021, 62 pages

Marc Corigliano – site

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©Marc Corigliano

Arnaud Bizalion Editeur

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