Inventer des liens, par Rotolux Press, maison d’édition

©Rotolux Press

« Toutes les filles du monde rêvent d’un prisonnier, mais pas une au monde ne rêve d’un geôlier. »

Fondé en 2015 par Léna Araguas et Alaric Garnier, Rotolux Press (Bagnolet) est une maison d’édition publiant des projets autour de l’art, de la poésie, de la photographie, du dessin et de la typographie.

Après L’art finira par gagner, conférence donnée par le photographe malien Malick Sidibé à l’école nationale des beaux-arts de Lyon en 2010 (chroniqué le 19 mai 2022 dans L’Intervalle), j’ai souhaité présenter Toutes les filles du monde rêvent d’un prisonnier, de Léna Araguas & Yan Grossac, et The J.L. Mott Iron Works, d’Alaric Garnier.

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Toutes les filles du monde rêvent d’un prisonnier est un fanzine issu d’une correspondance avec un ami incarcéré dans une prison française.

Que voit-on de l’intérieur de la cellule ?

Des barreaux, des murs gris, de l’ennui.

Du savon Mixa Bébé, des produits sanitaires ordinaires, une part de gâteau.

Un air de folie, un air de bandit, un air de défonce.

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Un terrain de sport grillagé.

Un joint.

Centré autour d’un personnage ayant la main droite tatouée de deux nervures de feuilles, Toutes les filles du monde rêvent d’un prisonnier est un acte poétique et fraternel jeté contre les parois du manque et de la relégation judiciaire.

Pot de chair contre pot de fer.

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Lorsque la peau de chair rencontre la céramique d’un fabricant de W.C., cela donne The J.L. Mott Iron Works, soit un ouvrage conçu comme un hommage à La Fontaine de Marcel Duchamp.

Collection de 125 clichés de logotypes sanitaires classés par ordre alphabétique, ce livre composé de photographies prises par Alaric Garnier entre 2013 et 2018 dans les toilettes de particuliers, bars, hôtels, musées, écoles d’art, bureaux et ateliers à travers des dizaines de pays, est une recherche d’ordre graphique/typographique sur les emblèmes et signatures des fabricants de toilettes.

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Présenté sous couverture argentée, The J.L. Mott Iron Works a la beauté des exercices obsessionnels relevant de l’idiosyncrasie fantasque, tout en faisant parallèlement l’éloge de l’inventivité humaine.

Les cuvettes sont tatouées, ce sont les membres d’une famille appelée Alfa, Alföldi, Allia, Allibert, Althea, Americain Standard, Aquart, parmi tant d’autres sujets.

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Maintenant, à chacun d’entrer dans le mystère des noms, de se laisser dériver dans la tour de Babel de son quotidien, et d’envoyer, pourquoi pas, le fruit de sa quête raisonnable et hallucinée à une maison d’édition des plus singulières.