©Michael Yuan
Reliant la baie de San Francisco et l’océan Pacifique, le Golden Gate Bridge est un édifice architectural remarquable.
En 1937, l’ingénieur en chef chargé de sa construction, Joseph B. Strauss écrivait : « enfin la tâche puissante est accomplie ; / resplendissant sous le soleil occidental »
©Michael Yuan
L’emblématique pont orange fait aujourd’hui l’objet d’un livre superbe, très graphique, The Bridge, conçu par le photographe Michael Yuan et le book designer Carel Fransen pour The Eriskay Connection, maison d’édition néerlandaise (Breda) dont on sait l’attachement aux travaux se situant à la jonction de l’art et de la science en ses recherches les plus avancées (consulter le catalogue, et quelques-uns de mes articles).
Nous avons vu cent fois, mille fois, ce pont, mais nous ne le voyions plus, devenu un simple objet technique et culturel dans le déroulé sans fin de nos représentations ordinaires.
©Michael Yuan
Pour le restituer dans sa formidable puissance d’effraction et d’apparition, Michael Yuan opère en quelque sorte une rénovation de notre œil, redonnant à cette prouesse architecturale toute sa dimension de folie, de beauté et de défi scientifique.
Dans son regard, le pont est une personne, une entité organique, une chimère.
The Bridge est une étude – de ses formes, de ses lignes, de ses lampadaires, de ses câbles, de ses boulons, de ses plaques d’acier -, mais plus encore c’est le portrait d’une personne au visage abstrait.
©Michael Yuan
En sa couleur si caractéristique, le pont suspendu américain aux deux pylônes s’offre d’abord au regard comme un événement incompréhensible, une présence extraterrestre.
Le colosse de fer affronte les vents violents sans plier, ni ciller, comme une divinité inébranlable.
Ici, l’intelligence humaine et la force collective de création ont bâti une structure traversant le temps comme autrefois la barque solaire égyptienne permettant la transmigration des âmes.
Dans son abstraction impeccable de lignes parallèles et de polygones reproductibles, le Golden Gate, pourtant soumis aux effets de la corrosion, semble bien au contraire incorruptible, telle une gemme pure.
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Il y a de l’Art nouveau à la Horta ici, mais dans une vision radicalisée, où les motifs végétaux et les arabesques se sont redressés pour former un temple moderne, en quelque sorte protestant.
Les formes rationalisées échappent cependant à la pure fonctionnalité, témoignant du génie de l’esprit au-delà des nécessités premières.
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The Bridge est un livre surprenant, offrant le spectacle d’un amer monumental dans la tempête des temps apocalyptiques advenus.
Michael Yuan, The Bridge, poème Joseph B. Strauss, design Carel Fransen, The Eriskay Connection, 2022 – 800 exemplaires
https://www.eriskayconnection.com/home/116-the-bridge.html
©Michael Yuan
Le blog de Fabien Ribery 