Au Far West, par Simon Vansteenwinckel, photographe

©Simon Vansteenwinckel

Ouvrir un livre de Simon Vansteenwinckel – Rustine, publié chez IIKKI est son quatrième -, c’est immédiatement recevoir des influx de vigueur.

On est ici, en Belgique, mais aussi en Mongolie ou aux Etats-Unis, dans une sorte de Far West mental peuplé d’enfants maniant des guns, de cylindrées de road-movies et de pépées à peu près tout le temps à poil.

©Simon Vansteenwinckel

Tout ceci s’invente au noir et blanc granuleux, post-atomique, comme si Chris Marker était devenu le maître du monde des survivalistes aux appétites d’ogres.

Le cimetière est bourré de cadavres frais, mais l’on tire à balle réelle encore entre les caravanes, la vie est un grand carnaval macabre, et drôle.

©Simon Vansteenwinckel

Les Angels se prennent en photo devant des champs d’apocalypse, les mégalithes naturels tanguent, alors que poussent dans le désert contaminé des cactus vénéneux.

Simon Vansteenwinckel est le maître des récits tordus, ses images sont les photogrammes d’un film de série B ayant les dimensions d’une planète pourrie.       

Des hauts fourneaux, un sol fissuré colmaté par du bitume très noir, des lignes à haute tension, des engins crachant leur dioxyde de carbone comme des monstruosités zoliennes.

©Simon Vansteenwinckel

Mamie est barricadée dans le saloon, tandis que les barbares aux engins difformes ont envahi la campagne. 

Dieu glisse sur les collines d’un pays imaginaire, à moins que ce ne soit Satan roulant dans un tonneau de bière.

Passe une belle en rollers, les pneus crissent, c’est le top départ des mutants du sexe.

©Simon Vansteenwinckel

On fait l’amour avec sa bécane, son tracteur, le ciel bourré de nuages toxiques.

Les voitures bandent, les casques glissent sous les perles de sueur, le rodéo est universel.

Chevrole-moi toute la nuit sur le parking, mon amour.

Il n’y a pas classe aujourd’hui, venez les gosses, on va voir papa jouer dans la boue.

Départs, solitudes, jeux.

Diastole, systole, image.

©Simon Vansteenwinckel

Le silence des cops s’achète en dollars et coups de maïs bien placés, les Sudistes sont de sortie, et rien n’est plus beau qu’un drapeau US flottant dans le vent alors que les vrais durs se torchent à l’arrière d’un pick-up.

L’amour est à vendre, je suis un célibataire endeuillé, où est la sortie ?

Mais, au fait, Simon Vansteenwinckel, que l’on croit belge, ne serait-il pas plutôt de la famille de Rusty James, frère du prince déchu de Tulsa, Motorcycle Boy ?

Il faudrait envoyer le livre à Francis Ford Coppola, à sa fille, ou à Saint Pierre.

Simon Vansteenwinckel, Rustine, directeur d’édition et de publication Mathias Van Eecloo, IIKKI, volume 018, 2022 – 500 exemplaires numérotés

https://www.simonvansteenwinckel.com/

https://www.iikki-books.com/ikki-018-rustine

https://www.iikki-books.com/product-page/rustine-book-cd

Livre accompagné d’une création sonore de Mathias Van Eecloo – on y entend les sons d’un folk bricolé, des ritournelles erratiques, le grain d’une poussière rayant l’espace, l’inventivité d’un post-rock adapté à la complexion des pionniers des dernières terres vierges encore disponibles – celles de l’esprit.

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