©Bénédicte Blondeau
Tant qu’il y aura des ouvrages comme Ce qu’il reste, de Bénédicte Blondeau, publié par l’éditeur lisboète XYZ Books, il me sera impossible de me lasser des livres de photographie.
Qualité des images, qualité de l’impression, inventivité et élégance formelles.
Tout ici relève à la fois du fragile et de la puissance, de la pure extériorité et du silence intérieur.
©Bénédicte Blondeau
C’est un livre où flottent des méduses, où les chutes d’eau semblent des cheveux d’ogresse, et où la nuit est zébrée de traits de lumière fantastique.
Le cosmos est là-haut, mais il est aussi ici-bas.
Tout est en ordre dans la métamorphose incessante.
Tout est grave et paisible dans l’impermanence.
Tout respire à l’unisson dans les vastes poumons de l’univers.
©Bénédicte Blondeau
Il faut trouver sa place, et pourtant il n’y a rien à chercher, tout est donné, d’emblée.
Le papier est épais, les pages très noires, Ce qu’il reste est un vaisseau spatial en partance pour une exoplanète appelée Terre.
Méandres, filaments, archipels.
Colonnes antiques, marbre, justice.
Parquets, carrelages, boiseries.
Sommes-nous dans les abysses, dans un tribunal ou dans le vestibule d’une bibliothèque nationale ?
©Bénédicte Blondeau
Quelques couleurs sur du papier glacé – quatre pleines pages – viennent varier le rythme, la lecture, la sensation.
Il y a des laines de nuages, et des nuages de laines.
Des tapis solennels dans des intérieurs feutrés.
Des marcheurs munis d’une lampe frontale marchant non loin d’un volcan, ou d’un terril, ou du sein en poire d’une nymphe couchée.
©Bénédicte Blondeau
Des déchirures, du crépi, des landes.
Des lichens, une tête en marbre pansée, des soles sommeillant au fond de l’océan comme des requins dans l’onde.
Zeus l’assembleur des nuées pourrait apparaître, il faut faire attention aux signes, aux concrétions, aux concaténations.
Rouleaux d’écume, fumeroles, éboulis rocheux.
©Bénédicte Blondeau
Mère Nature est violée, souillée, profanée, et pourtant, Mère Nature s’en fout, elle résiste, se réinvente, évacuant les démons humains s’il le faut.
Ce qu’il reste évoque la possibilité de la présence des mondes supérieures dans un présent asphyxié, où Thémis est une déesse à genoux, mais survivante.
Les dieux sont déçus, mais ils sont résilients.
Bénédicte Blondeau, Ce qu’il reste, editing Bénédicte Blondeau, Tiago Casanova, Pedro Guimaraes, graphic design Joana Duraes, XYZ Books, 2019, 52 pages – 450 copies
https://www.benedicteblondeau.com/ce-qu-il-reste
©Bénédicte Blondeau