Au Japon ou en Pologne, même pays de lumière, par Keiko Nomura, photographe

©Keiko Nomura

Originaire d’Okinawa, la photographe Keiko Nomura a effectué à l’automne 2021 une résidence à Wroclaw, dans le cadre du programme de résidence pour femmes photographes japonaises et polonaises organisé par BWA Wroclaw Galleries of Contemporary Art en coopération avec le comité EU-Japon Fest Japan.

Son livre, Melody of light, est composé de portraits d’habitants, beaux et sensuels, les modèles étant souvent allongés et dévêtus (leurs tatouages les blasonnent), ainsi que d’images montrant l’environnement naturel de la grande ville polonaise.

La vie se déroule de façon quasi autonome, le temps n’a pas de prise, chaque corps est un fragment de Paradis.

©Keiko Nomura

Tokyo et Wroclaw sont photographiés dans un continuum de lumière, les deux villes si lointaines semblant n’en former qu’une.

En Europe comme en Extrême-Orient, c’est la même fragile beauté de l’éphémère qui attire le regard de l’artiste, dont les lumières, mordorées ou bleues, sont de l’ordre d’une illumination intérieure.

Qu’il s’agisse de pellicule argentique ou de photographie numérique, tout concourt à rendre les lumières liquides, comme une eau colorée lustrale.

La nudité est ici celle des grands fauves humains, comme des plus innocents.

©Keiko Nomura

Le ciel est dramatique, il va se passer quelque chose, mais à chaque instant c’est de toute façon le renouvellement du monde.

Est-on en Pologne ou au Japon ?

Partout c’est le même sommeil, et le même éveil, et la même sensation d’entrer dans la moirure de l’existence.

Christ de miséricorde est là, dans le moindre geste, dans les grandes orgues des bois, dans l’ombre jouant avec le feu du crépuscule.

Tout est recueillement et évidence de rédemption, mystère végétal et trouble dans le genre.

©Keiko Nomura

Un homme embrasse sur le front sa compagne allongée dans l’herbe.

Tous deux sont nus, la scène est d’une tendresse immense.

La jeune femme regarde les spectateurs : oui, l’amour existe, et le désir, et la fin de la guerre éternelle entre les sexes.

Livre inattendu arrivé par la poste un jour de mélancolie, Melody of Light est une bonne nouvelle presque évangélique, et quoi qu’il en soit shintoïste.    

Keiko Nomura, Melody of Light, texte (japonais, anglais, polonais), édition Keiko Nomura at Lukasz Rusznica, BWA Wroclaw Galerie Sztuki Wspolczesnej (Pologne), 2022 – 500 exemplaires

https://www.keikonomura.com/

https://www.keikonomura.com/bookshttps://bwa.wroc.pl/publikacje/keiko-nomura-melody-of-light/

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  1. Avatar de Barbara Polla Barbara Polla dit :

    Magnifique
    « Mon corps est mon pays » — ce vers d’Adonis résonne ici…

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