
©Joseph-Antoine d’Ornano
« Il lui a pris la taille et ils ont dansé jusqu’à l’aurore / Ivres d’étoiles et de vin grenat »
Il est difficile, lorsque le négatif est si puissant un peu partout autour de nous, de trouver le calme, l’espoir, l’élan.
Pourtant, ce que nous ressentons comme un désordre, voire un chaos, n’est jamais que le reflet de notre propre désorganisation intérieure.
Le combat est spirituel, avant que d’être politique – attention à la confusion, surtout pas théologico-politique.

©Joseph-Antoine d’Ornano
Par ses peintures de grâce (format miniature) et ses textes, Joseph-Antoine d’Ornano nous aide à retrouver le cap de la délicatesse, du soin envers le vivant et ses formes, de l’écoute fine envers le langage et son énergétique.
Recueil de poèmes et d’œuvres graphiques (pastel, fusain, sanguine, aquarelle, encre), Instantanés sereins collige des moments de paix.
Dans un lexique resserré, en vers libres sans ponctuation, les textes de ce livre salvateur sont simples, sans afféterie, et puissamment évocateurs d’instants heureux.
Il faut tenir sa place entre le terrestre et le céleste, savoir célébrer le sauf quand il apparaît.

©Joseph-Antoine d’Ornano
Une brillance.
Un oiseau un peu fatigué se reposant sur une main après un long voyage.
Des fleurs.
Un parfum.
Un visage.
Un chemin de pierres.
« L’enfant assis dans le couloir / L’amour d’une seule saison / L’ennui de la fleur dans son vase / Demandent à l’oiseau son chemin / Peut-être bien que tous les chagrins se ressemblent »
Le ton est parfois légèrement élégiaque, parce que tout fuit, et qu’il est difficile de ne pas en être affecté.

©Joseph-Antoine d’Ornano
Les peintures de Joseph-Antoine d’Ornano sont des écrins pour l’indemne, des bouquets de riens qui sont des totalités.
Un petit jardin.
Un air de conte.
L’eau d’une vieille fontaine.
Des souvenirs d’enfance.
Des polarités naturelles – masculin/féminin.
« Qu’elle est douce la matinée / Le lit encore défait du dimanche / La vasque en terre où le soleil parfois / Joue dans l’eau savonneuse / Qu’il est doux le visage / De celle qui pressent l’amour / Dans sa robe blanche comme une saison / Qui aurait toujours ce teint d’avril »
Vous souhaiteriez plus d’amphigourisme ? L’intelligence sensible n’est pas l’ennemie de la claire sapience.

©Joseph-Antoine d’Ornano
« C’est un jour de semaine ordinaire / Où rien vraiment ne s’est passé / Ni joie ni même tristesse / Rien qui vaille la peine / Mais quand viendra l’heure de partir / C’est peut-être de lui que l’on se souviendra / Comme d’un jour heureux »
Ceci provoquera la fureur de beaucoup, mais, oui, l’amour existe.
Et la souveraineté du présent, « sous la voûte étoilée du ciel ».
Mais pourquoi ai-je soudain pensé aux proses évangéliques d’Arthur Rimbaud ?
« Comme les oiseaux les rêves voyagent / De l’Orient à l’autre saison / Un matin ils nous emmèneront / Au port d’une ville antique / Ici partout des balcons roses / Des allées ombragées / Des jardins qui jusqu’au soir retiennent / Une odeur de jasmin / Et sur le quai blanc végétal / Dans le ruissellement des mangues et des poissons / Les visages qui nous attendent »

Joseph-Antoine d’Ornano, Instantanés sereins, éditions L’Inventaire, 2023, 64 pages
https://editions-linventaire.com/auteurs/joseph-antoine-dornano/index.html
Joseph-Antoine d’Ornano est représenté à Paris par la galerie Grillon
https://galeriegrillon.fr/?artistes=dornano-joseph-antoine
Lire ma chronique récente du livre La grâce ou l’éloge du commencement, L’Inventaire, 2021 : https://lintervalle.blog/2023/12/23/fragments-sur-la-grace-par-joseph-antoine-dornano-ecrivain-peintre/