©Swiffer Roux
Un jour, nous ne verrons plus rien, ou nous verrons tout, enfin, dans une lumière de vérité aveuglante atteignant notre conscience pour enfin la libérer de nous-même.
En attendant, Swiffer Roux nous prépare aux ténèbres et lueurs troubles avec A Noiseless Noise, livre autoédité à 78 exemplaires.
©Swiffer Roux
La couverture est plutonienne, qui montre dans un noir presque total un paysage maritime sans véritable horizon.
Vagues de rêves, dirait peut-être Louis Aragon.
Bords de mer, tankers, pétrole.
Des humains, nous ne verrons, outre quelques errants et un kitesurfeur aussi étrange qu’une statue fluette volant dans le ciel, qu’une main tenant la gorge d’un poisson, ouverte par une autre avec un petit couteau de cuisine, scène contemplée par un spectateur portant une tong dont nous ne découvrirons que le pied.
©Swiffer Roux
La réalité, quand elle est regardée à fond, en ses points de détails et son organisation stupéfiante, devient surréelle.
Swiffer Roux observe des structures posées dans l’espace, des natures mortes, mais aussi les signes du labeur quotidien dans un port de la Manche.
Il s’agit du Havre.
Ça tangue, une déesse de plâtre se dresse derrière une vitrine, la cruauté est dans la rue.
Il y a des manèges pour les gosses, une usine pétrochimique, un abat-jour dodelinant de la tête.
©Swiffer Roux
La vie est floue, et nette ; fixe et mouvante ; conduite avec raison et absurde.
Quel temps fait-il ?
Quelqu’un sait-il se servir d’un astrolabe ?
Ne pas confondre hydromètre, anémomètre et baromètre atmosphérique.
Dehors une veuve noire nous attend, mais dedans les barres d’immeubles y a-t-il encore quelqu’un ?
Swiffer Roux photographie un espace relativement circonscrit, mais il y a des embardées, des dérivations, comme une falaise normande creusée par la force des flots qui pourrait se situer en Crète.
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L’image est quelquefois de peu, précaire, comme une église à la flèche blessée.
Sous le bateau-phare, une mouette à taille humaine attend probablement les voyageurs d’une odyssée sans exact début, ni fin stricte.
Où est Dieu ?
Gerbes d’écume, nuages, grains de la pellicule argentique.
Swiffer Roux, A Noiseless Noise, graphisme Jérémie Denis, 2024 – 78 exemplaires
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Le blog de Fabien Ribery 