
©Peter H. Waterschoot
A l’issue d’une résidence ayant eu lieu au Château de Suronde, vignoble situé en pleine nature – sur le territoire mythique Quarts de Chaume, dans la Vallée de la Loire – produisant un vin blanc en biodynamie, Peter H. Waterschoot a conçu un livre à déguster comme une bonne liqueur, Summer Blue, Sur la Terre qui est un astre.
Qu’il se rende dans des motels ou clubs de rencontre, le photographe flamand voit le monde en bleu, vert et mauve.
Ici à Rochefort-sur-Loire, sur les rives du Layon, la nuit est aussi mystérieuse et sensuelle que dans les lieux discrets dont il aime l’esthétique.

©Peter H. Waterschoot
Sur la Terre qui est un astre – titre inspiré par la dernière ligne du poème Le Jardin, de Jacques Prévert – a l’apparence d’un conte : nuits bleutées, brumes énigmatiques, passage d’un serpent, alors qu’un pan de tenture qu’on imagine issue d’une demeure seigneuriale évoque la dense végétation des bois.
L’obscurité règne, l’œil doit s’accoutumer au noir, on perçoit le cours d’une onde enchanteresse.
Summer Blue est un chant perçant la nuit, thrène ou hymne, l’humeur n’est pas fixée.
Publié en tout petit format, moins grand qu’un livre de poche, cet ouvrage aussi modeste que puissant invite chacun à l’introspection.
Les végétaux, saisis et sculptés par le flash, y sont fantastiques, faisant penser à une matière psychique secrète dévoilée.

©Peter H. Waterschoot
Lentilles d’eau et nymphéas flottent, métaphores d’un corpus donnant la sensation de percevoir le visible depuis une substance amniotique.
Pas de personnage humain, fors le buste gracile d’une fillette, mais tout vit, tout remue, tout respire.
Certaines images rappellent le regard de Julien Coquentin, un loup pourrait apparaître.
Pour l’instant c’est une grosse mouche posée sur le blason de la nature.
Il y a des chaises, des transats, une table, une boule disco, la fête est finie, ou peut-être va-t-elle recommencer.
Cendrillon a perdu ses pantoufles de vair, reposant là, glorieuses et abandonnées, dans un paysage peuplé de présences étranges.

©Peter H. Waterschoot
Dans son Carnet paysager, publié en postface, Peter H. Waterschoot écrit : « Des rires retentissent dans le jardin. Deux jeunes femmes marchent vers la crète, main dans la main. Elles relèvent leurs jupes pour se mouvoir plus facilement sur le sol accidenté. Leur corset, satin à l’extérieur, tulle à l’intérieur, ne les serre pas trop et elles peuvent librement s’adonner à leur petit jeu au milieu des vignes. Elles vont et viennent, leur assurance m’amuse, et je sens leur désir sourdre. Dans la maison tout en haut du coteau, dans une chambre aux volets clos, l’amour suinte. »
Sur la Terre qui est un astre offre les prémices d’une danse des sept voiles.

Peter H. Waterschoot, Summer Blue, Sur la Terre qui est un astre, textes de Peter H. Waterschoot et Jürgen Pieters, editing Peter H. Waterschhoot, book desing, Steve Reynders, published by Bruno Devos at Hopper&Fuchs, 2024

http://www.peterwaterschoot.com/

https://arpeditions.org/fr/catalogue/peter-waterschoot/at-the-skin-of-time