©Arnis Balcus
Les Russes peuvent bien envahir la Lettonie, elle est déjà sauvée.
Avec Velvet Blood Noir, publié par Editions Bessard, Arnis Balcus offre un portrait sexy de son pays, de ses rues, de ses femmes, faisant de la liberté de regard et d’actes l’article premier de sa constitution intime.
©Arnis Balcus
Imprimé en risographie couleur, soit en cette matière vivante d’une encre non parfaitement fixée faisant de chaque exemplaire (50) un livre unique, l’opus drôle et provocateur du photographe letton est un hymne à l’audace, à la sensualité et au chic underground.
Les personnages féminins de Velvet Blood Noir cherchent l’intensité, par le sexe, par l’exhibition, par les pratiques extrêmes (bondage, scarification, jeux sado-maso).
©Arnis Balcus
Franchise des attitudes, beauté des corps s’ouvrant au regard, ivresses diverses.
La poétique d’Arnis Balcus est carnavalesque : c’est un yorkshire sautant sur un lit où une femme se prélasse (le peintre Boucher a-t-il fait autre chose sous le règne de Louis XV ?).
Que cherchent les belles guerrières du photographe ?
©Arnis Balcus
Peut-être, au fond, à entrer dans le vaste champ d’expérience des métamorphoses, et connaître mieux leur part d’animalité.
Trabant vert granny, pizza en forme de cœur aux couleurs italiennes posée sur une nappe à carreaux blancs et rouges, et mise en scène d’une nymphe au visage maintenu au sol par une botte à talons hauts d’une complice hors-champ.
©Arnis Balcus
On se dénude près des cartons dans quelque débarras où sont entreposées des toiles dont on ne voit que les châssis.
On s’étrangle entre filles avec des cordes dans un appartement en fixant sans ciller le photographe.
Le corps Barbie, contemplé en contreplongée, a le sexe parfaitement fendu et glabre.
©Arnis Balcus
Perruques, gestes incongrus, fatigue d’un ours géant en peluche rose assis sur un banc bleu.
Bustier en cuir, seins à l’air, ventilateur.
Tête en bas, chevelure bleue, piercing sur la langue.
Porte jaune, tatouage de croix sur la plante des pieds, cabane de prière dans les bois.
Pompes à essence, cannettes de bières, tulipe artificielle.
Par l’effet d’une polychromie baveuse à souhait, Arnis Balcus crée un territoire étrange où le réalisme et la crudité des tableaux représentés côtoie l’onirisme des fantasmes.
Le porno s’est démocratisé, le corps est libre, on peut en jouir jusqu’à la lie puisque nous savons bien que tout mène à la catastrophe.
Arnis Balcus, Velvet Blood Noir, art director & cover book’s design Thibault Geffroy, collection L’Atelier risographique, volume 20, Editions Bessard, 2024 – 50 exemplaires
©Arnis Balcus
https://editionsbessard.com/brand/arnis-balcus/
https://editionsbessard.com/product/velvet-blood-noir-limited-edition-50-copies/
Le blog de Fabien Ribery 